L’amitié est une chose bien curieuse, qui lie ensemble des personnes de manière incontestable, avec divers niveau d’intensité. Parfois, elle peut être légère, et les protagonistes de ce lien peuvent se parler simplement pour passer un peu de bon temps, rigoler un coup. D’autres fois, elle est si solide que chacune des personnes qui vit cette dite amitié ne saurait imaginer la vie sans l’autre. Elle peut commencer de diverses manières, que ce soit des intérêts communs, une fréquentation continue provoquée par le simple destin, ou la pression des gens qui nous entourent. C’était précisément cette dernière option qui avait lié June et Delilah lorsqu’elles étaient enfants, et que leurs parents les forçaient à se côtoyer. Enfin, forcer est un mot trop fort, il faut avouer que dès leurs premières rencontres, les deux gamines s’adorèrent mutuellement et dès l’âge de deux ans, elles devinrent de grandes complices. Ensemble, elles partagèrent leurs secrets, leurs rêves, leurs peurs. Toutes les deux vivaient le même genre de situation familiale, et lorsqu’elles étaient ensemble, elles parvenaient à s’échapper au manque de bonheur quotidien pour partager des instants de bonheur et de rire. Durant onze longues années, Delilah avait réellement cru que June ferait toujours partie de sa vie, qu’elle serait sa meilleure amie jusqu’à son tout dernier soupir. Malheureusement, tout s’était gâché à Poudlard… Elles avaient fait le voyage dans le train ensemble, avaient pris la même barque pour se rendre jusqu’au château. C’était leurs derniers instants de complicité, car dès qu’elles se firent envoyer dans des maisons séparées, leur amitié se mis à s’effilocher. Leur complicité s’estompa peu à peu, et elles se mirent à évoluer de façon très différente, à un point tel que Delilah s’était souvent demandée pourquoi elles avaient été si proches autrefois. Plusieurs années s’étaient écoulées depuis la fin de leur amitié, et même si elle éprouvait souvent du regret face à cette perte, il n’en restait pas moins qu’elles n’avaient plus rien en commun…

Elle avait cru qu’elle finirait sa scolarité sans vraiment reparler à celle qui avait marqué son enfance. C’était sans compter sur leur professeur de sortilège qui les jumela ensemble pour un important devoir. Sur le coup, Delilah avait été drôlement surprise, et n’avait pas fait de cas de cette situation, préférant tout simplement s’y conformer. Via hibou, elle avait fixé un rendez-vous à son ancienne amie sans une salle de classe vide afin de bosser sur leur travail, et elles y étaient toutes les deux installées depuis une trentaine de minutes. Elles travaillaient dans le silence, s’étaient à peine dit bonjour en arrivant. La tension qui planait dans la pièce était quasiment palpable, et la Serdaigle se sentait drôlement mal à l’aise. Elle leva les yeux pour jeter un coup d’œil au travail accompli par June et ne put s’empêcher de pousser une exclamation d’indignation. Plutôt que de travailler, comme elle l’aurait du, la Serpentard griffonnait sur son parchemin! Delilah était déjà avancée dans sa partie du travail, et ne pouvait pas concevoir que June n’ait écrit qu’une dizaine de lignes.

« Hé ho, te forces pas surtout hein! Ça te dirait pas de, je ne sais pas moi, travailler pour faire changement? J’espère que tu ne t’attends pas à ce que je fasse ta partie et que tu récoltes les points… », dit-elle sur un ton tout sauf sympathique. Elle était en fait drôlement agacée par l’attitude de sa coéquipière, et poussa un long soupir pour le manifester.