Sortir de la cacophonie de la grande salle pour le calme de son bureau était bien souvent salvateur pour sa réflexion. Stamford n'avait rien contre la vivante grande salle de Poudlard à l'heure du repas, c'était toujours un instant intéressant autant du côté de ses chers collègues que celui des élèves. On pouvait entendre et voir tellement de choses sans que les intéressés ne s'en aperçoivent, un véritable plaisir. Le fait de voir ce lieu sous l'angle professoral les premiers jours de son retour ici avait suffit à son amusement mais il avait fallu trouver bien vite un autre intérêt à ces repas. Enfin bref, l'heure de prendre congé était arrivé à une vitesse tout à fait respectable et à présent Stamford avait reprit place dans son fauteuil, près de la cheminée, dans son bureau. Kincaid avait lui aussi reprit sa place sur le tapis et avait fermé les yeux, le feu donnait à sa fourrure sombre des reflets irisés captivants qui avait attiré le regard brun du professeur qui s'était fixé dessus et ne semblait plus vouloir s'en détacher.
Professeur, il l'était déjà depuis quelques mois et ma foi, cela s'avérait être une aventure pas si déplaisante que cela. Même si la responsabilité qu'il avait endossé le contraignait à une présence journalière il n'avait pas encore eu de souci d'absence. Il y avait fort à penser que cela ne durerait pas indéfiniment mais pour l'instant il restait un professeur particulièrement ponctuel.
Songeant paisiblement aux affaires courantes un son finit par parvenir à son oreille. Il ne réagit pas pour autant lorsqu'il identifia ce son comme celui d'un bec sur la fenêtre. C'était probablement une lettre quelconque et le sorcier n'était pas d'humeur à ce lever pour du quelconque c'est pourquoi il laissa la créature se manifester alors qu'elle demeurait dans la nuit naissante de l’hiver. Il s'était presque habitué à ce son régulier lorsque Kincaid ouvrit les yeux et redressa sa tête vers lui. Ce mouvement le sorti de ses réflexions et il échangea un regard avec le chien loup qui sembla s'exaspérer de l'inactivité de son ami bipède. L'animal se mit sur ses pattes et trottina jusqu'à la fenêtre, Stamford n'eut pas besoin de se retourner pour savoir que Kincaid grimpa sur la table qui était installée sous la fenêtre, probablement en passant par le tabouret tout proche, et ouvrit la fenêtre d'un coup de patte expert avant de la refermer d'un coup de museau tout aussi mesuré. Un bruissement d'aile lui indiqua la réussite de la manœuvre et la seconde d'après il vit passer un éclair brun et blanc qui fondit sur lui pour venir pincer un de ses doigts dans un cri strident.

▬ " Aaa C'est bon, je ne savais pas que s'était toi. "

Deirde, car il s'agissait bien de la ninoxe, était passablement offusquée que Stamford ait pu la laisser ainsi dehors. Elle poussa un nouveau cri de mécontentement avant de filer vers son perchoir et de tourner le dos ostensiblement au sorcier. Ce dernier agitait sa main pour évacuer la douleur que venait de lui procurer ce bec puissant tout en observant Kincaid qui revenait nonchalamment s'installer sur le tapis.
Renfrogné par cette ligue animal contre lui, Stamford entendu cependant les quelques coups qui résonnèrent dans son bureau et qui cette fois n'avait rien à voir avec la fenêtre. Il arrêta d'agiter sa main et leva les yeux vers la porte, mouvement qui se produit à l'unisson avec Kincaid et Deirde qui, eux aussi, n'avaient pas l'habitude d'être dérangés à cette heure. Cette fois le sorcier se leva, différence que la chouette ne manqua pas de remarquer en émettant un léger sifflement de mécontentement. Quelques pas plus tard, il put ouvrir la porte et haussa un sourcil en voyant qui était son visiteur, ou plutôt, sa visiteuse de la soirée. Quitte à choisir une élève il aurait pu tomber sur une autre ... Enfin bref, il restait à savoir ce qu'elle venait faire là.

▬ " Miss Smith, que ce passe t-il ? "

On ne devait pas être bien loin de l'heure du couvre-feu et on ne pouvait pas dire que son bureau était sur le chemin du cachot des Serpentards alors l'erreur de chemin ne pouvait pas être la raison pour laquelle il avait le droit à cette visite. Restait à espérer que la demoiselle n'avait que de pures idées scolaires en tête, ce qui, franchement, serait étonnant de sa part mais sait-on jamais. C'est d'ailleurs pour cela que Stamford était décidé à la laisser sur le pallier temps qu'elle n'aurait pas clarifié la raison de sa venue.
Derrière lui, Deirde se pencha sur son perchoir pour voir qui était cette visite tardive et lorsque sa curiosité fut satisfaite elle poussa un léger sifflement, probablement en direction de Kincaid qui reposa par la suite sa tête sur ses pattes. Le chien loup garda cependant ses oreilles orientées vers la porte histoire de savoir qu'elle était la nature de la conversation mais referma doucement ses yeux.

Lizbeth avait vu de ses yeux la mort de ses parents. Elle l’avait su au fond que ce jour arriverait. Ses parents étaient séraphins depuis toujours. Comment ne pouvaient-ils pas courir à leur perte en embobinant les autres sorciers ayant assez de fric pour se payer des assassins. Croyez-moi, Lizbeth semblait avoir peu d’intelligence, mais elle savait reconnaître l’évidence même. Il n’y avait aucune porte de sortie pour ses parents. Embobiner les gens lorsqu’on n’était pas Rafael Grey était une très mauvaise idée. Ils avaient pris l’exemple sur un homme plus puissant qu’eux. En compagnie de Miranda, elle avait vu des choses horribles. Elle se souvient à quel point elle avait eu peur d’y passer sans pourtant toutefois ressentir une peine quelconque. Elle n’avait rien ressenti. Elle était dégoutée par les deux parties. Ses parents l’avaient toujours délaissé tout au long de son enfance pour faire de sa vie…. Une vie matérialiste pure et dure. Elle s’avouait qu’elle n’était pas mieux au fond. Elle aimait les fausses apparences qu’au vrai. C’était stupide au fond. Lizbeth en était bien consciente. Pourtant, elle voulait continuer de faire la femme ultra-superficielle puisqu’on parlait constamment d’elle. Elle aimait avoir autant d’attention, même si elle faisait plutôt profil bas depuis la mort de ses parents. Elle n’avait pas envie d’avoir besoin à expliquer l’assassinat de ses parents à la presse. Dans les magazines, ils s’en donnaient à bon train. Elle ne pouvait contrôler la presse et la presse en scandale. Elle n’avait pas non plus parlé à Rafael. Elle se terrait à poudlard sans toutefois attaquer quiconque gratuitement. Elle passait inaperçu depuis quelques temps. Elle avait besoin de retrouver une certaine cote à poudlard. Comment occuper ses journées lorsqu’on avait aucun homme à sa hauteur pour occuper ses moments libres ? elle avait besoin de retrouver la bonne cote. Elle devait arrêter de penser à cette scène qui lui avait donné froid dans le dos, même si elle ne semblait pas touchée que ses parents soient décédés.

Lizbeth était loin d’être sage dans ses pensées qui se tournaient vers un professeur qui lui avait tapé dans l’œil au moment où elle l’avait aperçu. Dieu sait à quel point Lizbeth aimait les hommes, surtout ceux d’expérience. Stamford. Humm, son prénom sonnait si bien à ses oreilles. Elle devait retrouver la cote et elle devait connaître cet homme. Assise à la table des Serpentard à observer du coin de l’œil l’homme à la table professoral qui l’intéressait. Lizbeth était bien décidée en le regardant avec une attention particulière du coin de l’œil de passer à l’attaque dès ce soir. La chasse était ouverte. Lizbeth avait déjà pris en chasse un élève de Poudlard qui avait fini par craquer. Pourtant, sa petite-amie, meilleure amie – elle ne savait pas trop en fait – n’était pas très joyeuse à l’idée qu’il ait craqué pour elle. La serpentard détestait décidément la fille qui servait de « petite-amie » à Adrian. Synthia Grey n’était pas dans le cœur de notre chère mannequin. Synthia ne savait certainement pas le lien qui unissait Lizbeth et Adrian dernièrement. Elle avait connu à ses dépends la charmante famille de ce dernier. Ils étaient des tueurs à gage qui avaient tué ses parents. Peut-être si Adrian n’avait pas caché sa présence, elle aurait eu le droit à ce même sort. Il s’était passé des évènements étranges avec lui. Des secrets bien cachés lorsqu’il avait hurlé comme une fille face à un fantôme. Une pointe de jalousie envers Synthia était bien plus présente qu’autrefois. Elle avait l’homme qui faisait chavirer le cœur de Lizbeth, mais aussi la popularité qu’elle n’a plus. Cette blonde n’allait pas ruiné sa cote. Elle devait l’éliminer. Elle devait mettre la main sur l’homme... Quoi ? Il n’était plus là. Les yeux de Lizbeth cherchaient désespérément la présence de Stamford qui semblait s’être volatilisé. Elle se leva d’un bond renversant presque son voisin de table. Elle partit donc de la grande salle en se demandant où cet homme avait bien pu aller. Il n’avait pas le droit de partir aussi rapidement sans aviser quiconque de son départ. Lizbeth devait le tenir à l’œil pour pouvoir l’obtenir dans son lit. Elle souriait intérieurement à ce qu’elle pouvait bien faire avec cet homme. Mille et une choses. Elle avait des idées loin d’être chaste et pure.

Elle réfléchissait rapidement. Pourquoi ne pas aller dans le bureau de ce dernier ? Il était certainement là par logique. Puis c’était l’endroit idéal pour ne pas être pris par d’autres élèves ou membres du personnel. Croyez-moi, elle était une professionnelle dans les endroits où il y avait peu de chance d’être pris en pleins actions. Peut-être avait-elle trop les hormones dans le tapis ? Peut-être, peut-être pas. Elle monta au premier étage où elle était certaine de le retrouver. Pourtant, il y avait un doute dans l’esprit de Lizbeth. Il pouvait très bien parti prendre une bonne douche… Ce n’était pas un problème, elle ira le rejoindre là-bas s’il fallait. Lizbeth se plaça devant la porte des appartements de Stamford. Elle frappa à la porte et elle entendit. Un peu de politesse avant de passer à l’attaque, il le fallait bien. La porte s’ouvrit avec la plus grande satisfaction de Lizbeth. « Miss Smith, que ce passe t-il ? » La jeune australienne sourit. Elle devait dire quelques choses avant qu’il ne referme la porte au nez. « Bonsoir. » Elle s’invita dans le bureau de Stamford sachant que si elle ne lui forçait pas un minimum la main, elle resterait dans l’entrée. « Ohhhhhh ! Ce sont vos animaux ! » le rapport ? Il n’y en avait pas, mais elle devait changer de sujet avant… de faire certaines choses. « La chouette est tellement belle… ! Ohhhhhh ! » vraiment cela ne collait pas à une Serpentard. Elle devait réviser ses talents d’actrices. Elle fit volte-face pour venir lui coller ses lèvres contre celles de Stamford. Cela disait tout. Elle le voulait. Elle le désirait. Pourtant, est-ce qu’il voulait d’elle…. ?