Adriel avait enfin évité son père pendant les vacances! Voilà peut-être ce qui la mettait d'aussi belle humeur chaque matin où elle se retrouvait réveillée dans son lit poudlarien, tournant la tête vers la fenêtre qui révélait le reste du château et ses verdures, tout ce qu'elle affectionnait le plus au monde. Ce monde de la magie, elle l'aimait tant! La magie était toute sa vie, le seul domaine où elle se trouvait douée, et Poudlard avait toujours été le seul endroit où la jeune femme s'était retrouvée sans les coups de son père. C'était le seul endroit où elle avait compris, qu'au moins, grâce à son père, elle s'était retrouvée en tête de sa classe. C'était aussi là qu'elle avait voulu passer une année de plus, pour ne pas revoir son père et éviter le regard de son frère. Bon, c'était en ignorant royalement que son frère allait être professeur lors de cette seconde septième année ... Et sans imaginer la colère à laquelle son père était en proie, exprimant la déception qu'il avait ressenti en apprenant que sa fille, qui l'avait pourtant déja tellement déçue, pas comme ce fils Adam, redoublait sa septième année, et faisait du tort à sa réputation de grand sorcier...

Alors voilà, Adriel était bien heureuse d'être ici, en plein été. Bien sûr, elle était sans ses quelques amis de la même année qu'elle, parce que eux avait réussi leur année, et étaient sur le point de réaliser leurs rêves et d'avoir une situation stable, voir de partager leur vie avec l'être aimé. Bien sûr, également, à présent, elle avait encore plus peur de voir son père. Parce que s'il la frappait lorsqu'elle ne retenait pas une formule magique, que ferait-il pour lui faire comprendre son erreur, celle de son redoublement ? Fuyait-elle les problèmes grâce à Poudlard ? Oui, surement... et alors ? Elle avait juste envie d'être une jeune fille comme les autres! Et pourtant, elle était loin de l'être. Pire garce qu'elle, il fallait trouver. Elle avait toujours besoin de sa petite bande qui la suivait et riait à ses conneries, elle avait besoin de ces gens avec qui critiquer les autres étudiants. Elle avait besoin de faire sa langue de vipère. ALors comment réussissait-elle à avoir cette aussi bonne réputation, depuis ses premières années ? Elle savait jouer avec les gens, leur donner des espoirs, elle savait être gentille avec qui il fallait...

Oui, c'était bien beau. Mais à présent, elle était bien seule. Avec les élèves présents qui la regardaient passer avec un regard interrogateur. Pourquoi, elle, Adriel, avait redoublé sa septième année ? Pourquoi était-elle seule, elle qui pouvait avoir tous les amis qu'elle voulait ? Pourquoi avait-elle rembarré tous les élèves qui étaient venus la voir avec des intention amicales depuis le début des vacances ? La réponse résidait en Adriel, et celle-ci serait bien loin de tout révéler! Alors elle marchait dans ce pars, des écouteurs sur les oreilles. Quoi de mieux que la musique pour se créer un petit monde parfait , et oublier qu'elle était toute seule dans cette immensité poudlarienne, que pourtant elle affectionnait plus que tout ? Elle releva la tête de ses pas, pour apercevoir un étudiant. Encore un de ces étudiants, comme tous les autres, allongé, pour qui l'été rimait avec soleil. Et en plus, il semblait dormir ! Comment pouvait-il se laisser aller comme ça ? Il n'avait pas peur de ce que ces cons d'élèves pouvaient faire de lui ? Le jeter dans le lac, le barbouiller d'encre ... En tout cas, Adriel ne dormait qu'en cours ou dans sa salle commune. Parano ? Oui, surement, mais elle avait de quoi l'être ... Elle avança donc vers, s'accroupit à ses côtés, pour remarquer son livre. Elle ne connaissait pas. La Poufsouffle enleva ses écouteurs, regardant le visage de cet élève qu'elle avait déja dû voir quelques fois. Le réveiller ? Mettre son mode garce ON ? Elle se releva. Elle allait couper la poire en deux. Elle lui donna de petits coups de pieds, histoire d'être elle-même, froide et hostile envers les inconnus.

"J's'rai toi jdormirai pas ici ... Les élèves et le soleil, c'est impardonnable"

Voilà ce qu'elle lui dit, le regardanr de haut au sens propre comme au sens figuré. A présent, elle était sur le point de partir. Elle n'allait pas faire la conversation à un inconnu, tout ça pour ne pas se retrouver seule quand-même! Parce que si Adriel avait une qualité, c'était qu'elle n'était pas une hypocrite. Elle remit ses écouteurs.

Adriel sentait qu'autour d'elle, les choses changeaient. A présent, elle et sa petite bande ne ferait plus vraiment parler d'elles à Poudlard, parce qu'il ne restait plus qu'elle. Elle savait que les choses seraient bien différentes, que les règles du jeu étaient en train de changer. Et pourtant, ça ne l'inquiétait pas, et elle ne voulait pas non plus changer pour autant. Elle ne voulait pas devenir une de ces filles communes, sans caractère, qui passaient leur temps à mater les mecs ou à se demander comment se maquiller ou se coiffer. Elle préférait de loin être celle qu'elle était : Adriel, ce nom qui avait tellement de fois résonné dans ce château, celle qui avait su préserver une des meilleures réputations de Poudlard, la bonne élève difficile à approcher, celle à qui on ne savait jamais trop comment s'adresser, celle qui aimait servir de modèle aux plus jeunes étudiantes... Alors oui, elle était prétencieuse, et le pire, c'était qu'elle en était fière. A quoi bon se soucier d'ados névrosés qui ne connaissaient même pas encore la vie ? Et puis, pourquoi à tout prix devenir quelqu'un de sociable, alors qu'elle savait très bien qu'après ses études, ils seraient très peu à encore se soucier d'elle... Elle aimait être appréciée, que les gens essaient de lui ressembler pour qu'elle les accepte, elle aimait être cette blonde de garce qui cassait chacun dès qu'elle en avait l'occasion, qui regardait les autres de haut et pourtant pouvait sembler être la fille la plus sympathique qui soit lorsqu'elle était avec les personnes qu'il fallait ... Peut-être était-ce ce côté charmant que beaucoup cherchaient en elle lorsqu'ils lui adressaient la parole, espérant devenir son ami ? Adriel était un condensé de paradoxes en elle-même, n'est-ce pas ?

Alors pourquoi avait-elle parlé à ce Poufsouffle, elle, qui passait des journées entières seule depuis que ses amis étaient partis vers d'autres horizons ? Elle qui savait rester garce malgré tout, et ne pas tellement changer ses habitudes malgré leur absence ? Elle qui, en plus, se souvenait d'une rencontre plutôt apocalyptique avec celui à qui elle venait d'adresser la parole ? Car oui, elle connaissait du monde, elle connaissait des noms, surtout dans sa maison. Il s'appelait Mathias et serait, l'année qui arrivait, dans sa classe, car il entamait sa dernière année. Le seul contact qu'elle avait jamais obtenu avec lui était une discussion plus qu'animée entre un préfet et une emmerdeuse qu'elle avait été. Depuis, ils ne s'étaient plus jamais parlé. Il fallait dire qu'ils vivaient chacun dans leur propre monde. Il avait ses habitudes, ses amis, son propre passé, sa façon de voir les choses, et elle était différente, caractérielle, hautaine et prétencieuse. Voilà tout ce qui les avait séparé, comme c'était le cas avec tellement de monde. Pourtant, la différence, c'était que lui n'avait jamais essayé de l'approcher et de l'amadouer à sa façon. C'était peut-être ça, qui l'intriguait. Apparamment, il se foutait qu'elle aie une bonne réputation ou non. Voilà, pourquoi, surement, lorsqu'elle l'avait reconnu, elle avait décidé de faire comme si elle l'avait vu et même de la conseiller.Bon, à sa façon, il fallait bien l'avouer ...

Plongée entre ses pensées et sa musique, la Poufsouffle fut surprise de revoir son visage lorsqu'elle leva les yeux pour regarder devant elle. Encore un qui voulait lui parler ? Elle qui croyait qu'il était différent et ne cherchait pas à faire ami-ami avec elle, pour avoir le droit à sa réputation en cadeau!Il fallait dire qu'elle devait avoir l'air vulnérable et atténiable, là, sans les gens avec qui on avait l'habitude de la voir trainer ... et pourtant, elle était loin de l'être! Lorsqu'elle lu sur les lèvres de Mathias des "Attends", elle enleva les écouteurs de ses oreilles avait l'air blasé et insolent qu'elle aimait prendre, d'un air de dire "sois pas long, jsuis préssée" ... Pourquoi le réveiller et partir ainsi ? Bonne question ... Pourquoi le réveiller ? Pour lui éviter des problèmes, parce que les Serpentards étaient parfois des plaies vivantes et elle voulait défendre l'honneur de sa maison... Et partir ? pourquoi ? Parce qu'elle ne devait et ne voulait pas sympatiser. Elle était Adriel Sheppard, elle n'était pas faite pour sympatiser, elle était faite pour donner envie de sympatiser, nuance. Qui ferait des stupidités pendant qu'il dormait ? Un rire cynique s'échappa de la bouche de la blonde.

"Qui ne le ferait pas, plutôt ?"

Elle était une garce mais avait des principes et ne faisait pas de coups bas, ou peu, en fait elle était plutôt du genre à cracher sur les gens qu'à faire des gamineries du style dessiner sur quelqu'un quand il dormait. Bon, les croche-pieds, par contre, ça la connaissait, mais c'était pour certaines personnes en particulier et en de rares occasions où elle s'ennuyait assez ... Mais elle savait, pour finir, que lorsqu'on s'ennuyait-et là, en l'occurrence, sans cours et avec au moins la moitié des élèves en moins, c'était bien le cas-, on cherchait toutes sortes de distractions. Et elle savait aussi, qu'avec le niveau intelectuel de certains, Mathias pouvait être une cible potentielle ...

"Un Serpentard qui se fait chier ou un élève avec qui tu t'entends mal pourrait te surprendre en te faisant un coup bas..."ajouta-t-elle pour s'expliquer.

Parole d'experte. Alors, pourquoi ne l'avait-elle pas fait ? Parce que c'était un Poufsouffle, comme elle ? Parce qu'il n'avait jamais tenté de s'approcher d'elle comme presque tout Poudlard ? Ou alors, serait-elle en train de devenir plus sentimentale ? Les deux premières hypothèses étaient les plus probables, à vrai dire ... Et pourquoi lui avait-elle répondu ? Elle accompagna donc sa réponse, pour compenser, d'un autre regard hautain.

"Pis quelle idée de vouloir crâmer dehors comme ça..." fit-elle avec en soupirant en levant les yeux au ciel, d'un air excédé ... ben quoi, une garce ne sympatisait pas comme ça ...

Adriel surprit cet air vaguement déçu lorsqu'elle le regarda de haut. Il s'attendait à quoi ? Qu'elle devienne quelqu'un d'autre ? Qu'elle le prenne dans ses bras, qu'elle fasse sa gentille jeune fille comme le faisaient tant d''étudiantes ici, lorsqu'elles étaient en compagnie d'un beau mec ? Elle haussa un sourcil, sans mauvaises attentions, surprise à son tour par la réaction du jeune homme. Car oui, ici, on la connaissait pour sa façon de parler aux gens, cette façon qu'elle avait de les prendre de haut, de les toiser ... Alors, aussitôt, elle eût un élan de sympathie pour Mathias. Enfin quelqu'un qui ne la connaissait pas comme tous les autres étudiants! Il la prenait comme une jeune fille à part entière, qu'il ne connaissait pas. En plus, il semblait avoir oublié leur dispute dans la salle commune. En même temps, elle se disait que c'était peut-être une nouvelle méthode pour se rapprocher d'elle et faire partie de cette sorte d'élite qu'elle avait réussi à créer autour d'elle ? Les idées se bousculaient dans son esprit, mais finalement, les traits de son visage s'adoucirent. Certes, elle était loin de lui sourire de toutes ses dents, de le prendre dans ses bras et de lui parler comme à un vieil ami, mais remarquez tout de même l'effort. Après tout, peut-être vallait-il la peine qu'on s'interesse à lui ? Et si vraiment il s'interessait à elle par intérêt, il aurait déja tenté sa chance comme tous ces abrutis de Poudlard, non ?

"C'est bien d'affronter, tu n'es pas un lâche ... mais fais attention de ne pas y laisser de plumes au passage, tout de même ..."

Car oui, on pourrait croire qu'un endroit tel que Poudlard, fréquenté par pas mal d'ados pré pubères ou de gentils petits sorciers en tous genres ne pouvait être qu'inofensif. Seulement Adriel faisait partie des troubles fêtes, et elle savait qu'elle n'était pas la pire. Elle savait encore s'arrêter et préférait délirer avec ses amis, tant qu'on n'essayait pas de l'amadouer. Mais il y en avait pour qui c'était loin d'être le cas, et pour qui la vengeance comptait bien plus que les cours ou l'amitié, ou pour qui l'ennui rimait avec nuire ... Elle ne prit pas la peine de développer sa réponse, car elle comprit bien que Mathias se fichait pas mal qu'on lui veuille du mal, il serait prêt à se défendre. Et puis, après tout, il était préfet, c'était un avantage non-négligeable dans cette affaire ...

Puis il y eut une sorte de monologue sur l'été et ses bienfaits. Ils commençaient donc à vraiment parler de ... la pluie et du beau temps ? Non, pas vraiment, ils étaient pas encore en train de se dire "Il fait beau aujourd'hui!" ... Heureusement, sinon, elle aurait remis ses écouteurs sur les oreilles, accompagnant le tout d'un regard hautain pour lui tourner le dos et se diriger vers le château ... Seulement le jeune homme qui semblait différent de bien des autres l'intriguait, allez savoir pourquoi, et elle restait plantée là, lui faisant même un peu la conversation ...

"Oui, je sais c'que c'est l'été, mais avec le soleil, on voit rien, et pis voir toutes ces ... poufs dans tout Poudlard, prête à tout pour devenir le plus foncé possible, je trouve ça ..." Elle eut une grimace de dégout. "...débile. Tout ça par mode!" Puis, comprenant qu'elle allait passer pour une ringarde, ce qui était hors de question pour une jeune fille comme elle, elle ajouta :"Mais ne t'inquiètes pas, pour ce qui est de paresser, j'en connais un rayon. Je profite de l'été en me baladant dans les couloirs bien frais, à réfléchir et à éviter tous ceux qui jugent bon de faire comme leurs potes, de mettre les lunettes de soleil, de sortir leurs maillots de bain et de se jeter dans le lac ..."

Ce qu'elle faisait de son été ? Elle venait d'en parler. A vrai dire, il fallait aussi avouer que depuis toute petite, on lui avait appris à étudier, à rester sérieuse. Les années précédentes, elle était avec ses amis, donc de ce côté là, il n'y avait pas eu de problèmes. Il fallait avouer que là, elle s'était déja lâchée et avait plusieurs fois plongé dans le lac, habillée, plus ou moins volontairement d'ailleurs, elle avait connu des soirées bien alcoolisées dont elle ne se souvenait d'ailleurs pas tous les détails ... Mais c'était pour s'amuser, et non pas pour se faire rosir le teint pour montrer ses formes aux étudiants masculins... Et puis, là, comment pouvait-elle s'amuser, sans ses amis ? Si elle allait parmi cette foule de dégénérés toute seule, elle était sure d'être accostée et convoitée. Si elle y allait en compagnie d'un mec, ça allait jaser, si elle y allait avec une fille, ils allaient penser qu'elle l'avait choisi au hasard pour ne pas être seule devant eux ... Bon, il fallait avouer que ça lui plaisait bien, d'etre le centre des attentions, mais il y avait un moment où jouer sa réputation toutes les dix secondes devenait ... barbant.

"S'il fait beau et chaud, j'essaie de rester le plus longtemps possible dans un endroit frais et calme, et jme mets à lire avec mes écouteurs, pour échapper au bruit et à la chaleur... J'aime pas être comme les autres, tous ces abrutis qui sont rassemblés au lac ..."

Oui, elle était toujours aussi franche. Ils étaient tous des abrutis, les uns et les autres, à se copier dessus pour être à la mode et avoir le bon mode de vie, à la regarder toujours lorsqu'elle passait avec ce regard de convoitise, à passer leurs journées à plonger, à comploter, rire d'idioties. Bon, fallait dire que les années précédentes, elle ne prenait pas l'été comme ça, comme un poids. Mais là, elle était seule, sans ses amis pour faire l'idiote et être elle-même, sans besoin d'être sur la défensive, avec ce regard envieux que tout le monde leur lançait ... Ce temps était bien fini, et peut-être, au fond, avait-elle une once de jalousie pour tous ceux qui avaient encore leurs amis avec eux ...