Le premier Janvier 2007, à 2H34. A Truro, capitale des Cornouailles. C'était en pleine nuit, une nuit calme, où quelques flocons voltigeaient dans l'air et des étoiles éclairaient le ciel. Alors que la plupart des personnes fêtent dignement la nouvelle année, une voiture avait fait près d'une demi heure de déplacement pour rejoindre Truro. A une clinique assez côtée de la ville dont je taierai le nom, elle arriva en trombe et un homme grand, brun, ouvre brusquement sa porte et sort de la voiture, paniqué, puis ouvre la porte du passager et en sort une jolie femme blonde en plein travail. Quelques instants plus tard, celle-ci est allongée sur un brancard, et son mari desespère de pouvoir faire quelque chose pour apaiser ses douleurs. Une sage femme se presse pour les rejoindre et appelle un médecin. Le brancard est déplacé vers une salle plus appropriée pour l'accouchement.

« Lylian. »

La jeune femme regardait sa fille que la sage femme venait de poser délicatement dans ses bras. Elle était calme, et regardait sa mère de ses grands yeux. Le père était non loin de là, ému et probablement encore sous l'effet de la poussée d'adrénaline à laquelle il venait d'avoir le droit. Lylian, c'est donc ainsi qu'elle s'appelerait. Lylian Bleichert.

La petite fille grandit dans un univers retiré de toute chose. Ses parents ne démènagèrent pas et l'élevèrent sur les côtes de Cornouailles, près d'un petit village. Le vent là bas soufflait toujours, le paysage semblait hors de ce monde. Lorsque la brunette se risquait à s'approcher des falaises, elle observait les vagues qui se fracassaient sur les rochers en contrebas. Et elle aimait. Elle aimait ce vent qui venait se perdre dans ses cheveux, elle aimait ce calme, le son des vagues. Elle aimait la solitude. C'est dans ces conditions qu'elle grandit. Elle allait à l'école du village le plus proche, et avait toujours les meilleures notes. Elle était de ces enfants solitaires qui aimaient lire, calmement, dehors, face à un paysage qu'ils aimaient par dessus tout. Ses parents voyaient alors pour elle un avenir radieux. Et puis, lorsqu'elle eut huit ans, tous ces projets s'écroulèrent. Quelque chose se passait, quelque chose s'était passé. Elle n'était pas comme les autres enfants de son âge. Elle n'était comme personne d'autre.
Pourtant, ce jour-là ressemblait à n'importe quel autre. C'était un samedi d'automne, Lily n'avait pas cours. Alors, comme toujours, elle était sortie près des falaises, avec un livre. Comme toujours, elle était assise à son endroit favori, tout près de la falaise. Ses parents avaient peur pour elle mais ils avaient difficilement appris qu'ils n'avaient pas le choix. Têtue comme elle l'était, ils ne pouvaient pas faire autrement que la laisser aller tout contre le bord des falaises. Le vent soufflait dans ses cheveux bruns, tandis que les vagues s'écrasaient contre les rochers des dizaines de mètres plus bas. Elle avait lu pendant plusieurs heures de la sorte. Jusqu'à ce que la nuit ait recouvert les environs. Elle se décida alors à se relever. Elle connaissait bien cet endroit, les endroits trop proches du bord. Mais ce jour-là, ça n'avait pas suffi... Elle avait fait un faux pas, trop près du bord de la falaise, et le peu de sol auquel elle aurait pu faire confiance commença sa chute en même temps qu'elle. Alors, effrayée, elle ferma les yeux. Le vent soufflait horriblement, elle n'arrivait plus à respirer, elle sentait que c'était la fin. Et puis, quelques instants, tout semblait fini. Elle ouvrit les yeux, ne sachant pas à quoi s'attendre. Etait-elle morte? Elle ne souffrait pas... Elle était simplement allongée. Là où elle lisait encore son livre quelques instants plus tôt. Livre qui avait malheureusement fini sa course des dizaines de mètres plus bas, probablement fracassé contre les rochers. Alors voilà, elle avait vu la mort de près. Très près même. Et elle s'en était sortie, elle ne savait pas comment, elle ne savait pas pourquoi. Mais elle était encore là.

Cet incident changea sa vie du tout au tout. Elle n'osa d'abord pas en parler à ses parents, redoutant qu'ils ne la prennent pour une folle. Elle sortait plus, commençait à se faire des amis, elle était tout simplement différente. Voir la mort de près l'avait changée. Ses parents se rendirent compte que quelque chose était différent, alors ils lui posèrent simplement la question. Le jour de ses neuf ans, elle leur expliqua ce qu'il s'était passé. Ils étaient interloqués, ne comprenaient pas. Tout comme Lily elle même ne comprenait pas. Celà lui faisait peur. Que s'était-il passé? Etait-elle un monstre? Quelqu'un l'avait-il simplement sauvée? Jusqu'au jour de ses 11 ans, ils n'en reparlèrent pas. Lily avait simplement changé; elle sortait, commençait à apprendre la vie sociale, à se faire des amis. Elle ne faisait que rarement confiance, et une seule fille put alors se vanter d'avoir sa confiance. Sa meilleure amie de l'époque. Et puis, le jour de ses onze ans, il y eu cette lettre. Elle était donc... une sorcière? Elle crut d'abord à un canular, une blague de ceux qui ne l'appréciaient pas à l'école à cause de ce côté solitaire toujours présent. Et puis, elle réfléchit. Ses parents aussi. C'était plausible, cette histoire. Mais elle n pouvait l'accepter. Elle, elle voulait une vie normale. Cette plongée forcée dans le monde sorcier ne lui a guère plu...

Ce monde lui faisait peur. Elle ne connaissait rien. Faire ses courses au Chemin de Traverse? Qu'est-ce que cela signifiait? Et bien évidemment, ce n'était pas ses parents qui allaient l'aider, ils semblaient encore plus choqués qu'elle... Alors, ses courses, elle les fit avec une mère encore plus ébahie qu'elle parce qu'elle découvrait au détour d'une vitrine. Pour aller au quai neuf trois quart, c'est son père qui l'accompagna. Traverser ce poteau lui fit une peur bleue. Mais c'est quand elle fut en face des autres élèves qu'elle devint blanche, paralysée par la peur et l'appréhension. Pourquoi elle? Ses parents n'étaient pas sorciers, elle aurait voulu continuer à vivre comme cela semblait planifié depuis sa naissance... Pourquoi...? Elle ne dit pas même au revoir à son père ce premier Septembre. Elle prit simplement sa valise et monta dans la train, en jetant un regard accablé à son père. Elle s'assit dans le premier compartiment le plus calme qu'elle trouva.

« C'est qui celle-là? »
« Jsais pas, elle a pas ouvert sa gueule depuis le départ. »
« T'as qu'à la faire parler, crétin. »

Oui, il se trouva que dans ce compartiment calme, elle était malheuseuement tombée sur trois Serpentards de seconde année qui devaient être en manque de gamins à torturer. Pendant la première demi heure de trajet, ils avaient parlé entre eux, de leurs vacances. Ils étaient quatre au départ, il y avait une jeune fille avec eux. Les trois gars avaient fait les beaux et Lily en avait rit intérieurement. Elle, elle lisait simplement le journal moldu que lui avait acheté son père avant le départ. Et puis, la blonde était partie, les laissant tous les trois entre eux, avec cette intruse qu'était Lily. Alors seulement, ils semblèrent remarquer sa présence.

« Alors demi-portion! On lit un journal moldu...? ».
Un des deux s'était levé, bientôt suivi d'un second.
« Oh, mais c'est que ça sent la Sang de Bourbe à plein nez! ».
Sans même lever son regard du journal, Lylian sourit. Elle ne connaissait pas ces termes, mais les garçons qui se croyaient supérieurs pour telle ou telle raison, elle connaissait. Et elle savait les remettre en place.

« Je serai toi, je laisserai la demi portion lire son journal moldu tranquille. »
Elle avait parlé d'un ton glacial, à en faire palir pas mal. Le premier Serpentard à s'être levé s'assit à côté d'elle et haussa les sourcils.
« Audacieuse, la Sang de Bourbe... Tu sais au moins à qui t'as affaire? » Ce Serpentard là s'appelait Corey. A noter, car ce ne serait pas la seule fois qu'elle le cotoierait dans sa scolarité, loin de là. Et même s'ils étaient loin de se l'imaginer à ce moment là, ils allaient s'apprécier, énormément.
« A trois crétins qui savent pas draguer une fille et qui se défoulent sur la première personne innocente qui leur tombe sous la main. » Lily avait parlé d'un ton convaincu et convaincant et avait enfin levé ses yeux de son journal, pour la première fois depuis que le train s'était mis en marche. Elle avait regardé Corey de son regard bleu percant et avait eu un sourire victorieux. « Jpeux continuer à lire ou t'as besoin d'un thérapeute pour extérioriser ta peine sentimentale? » Sans doute étonnés d'une telle réplique, les trois garçons n'adressèrent plus un mot à la brune de tout le trajet.

Pour son entrée en première année à Poudlard, elle eut bien évidemment le droit au trajet en barques sur le lac. Oh, comme c'était joli! En tout cas, c'est ce que semblait penser la plupart des gamins qui étaient assis à ses côtés. Ils étaient ébahis face au spectacle, certains se vantaient d'avoir été prévenus par leur grand frère ou leur grande soeur. Lylian, elle, était terrifiée. C'était ça. C'était un monde à part, un grand chateau, au milieu de nul part. Elle allait donc être coupée du monde tel qu'elle le connaissait. Tandis que tout le monde parlait, elle était la seule à se taire. Les autres faisaient connaissance. Elle, elle se taisait. La machine était enclanchée. Elle était une sorcière. Elle ne voulait pas, non... elle ne voulait pas.

« Hmmm... le choix est rude ma parole... » Lylian était assise sur le tabouret, face à tous ces sorciers qui la fixaient. Certains étaient tout sourire, d'autres parlaient, d'autre riaient, soit d'elle, soit de quelque chose qui n'avait rien à voir. Elle était une des première à s'être assise sur le tabouret cette année là. B, bien évidemment. Ca n'aide pas à passer en dernier. Les premières personnes n'avaient pas réellement semblées nerveuses. Ou en tout cas, pas pour les mêmes raisons que Lily. Lily, elle, était petrifiée. Elle ne comprenait pas même réellement ce qu'il se passait. Oui, elle aurait peut-être du s'informer. Elle croyait encore qu'elle allait se réveiller d'un terrible cauchemar, mais plus elle attendait, plus cet espoir semblait s'amenuir. « Serpentard ferait de toi une prédatrice hors pair... Mais je vois... » Lylian gardait une certaine fierté et semblait toiser les gens de son tabouret. Rien en apparence ne semblait montrer qu'elle aurait voulu disparaitre dix pieds sous terre en cet instant. Ou rien que fermer les yeux, en espérant se réveiller. « Un courage... Une loyauté... » Des cinq personnes qui étaient passées avant elle, pour aucune, il n'avait mis autant de temps à hésiter. Etait-ce normal? Donc, même parmi les sorciers, elle n'était pas normale? « Du travail... De l'ardeur dans ta soif de connaissance... » Là, si ce bout de chiffon ne se décidait pas vite -il était encore pire que les filles en pleine période de soldes qui hésitent à acheter tel ou tel article-, Lylian l'arracherait de sa tête et partirait se cacher dans un coin, là où un chateau entier ne vous regardera pas fixement en l'attente d'un verdict dont elle ne savait rien. A priori, il fallait rejoindre la table qui vous applaudissait, c'est tout ce qu'elle avait compris... « Hmmm... J'aurais tendance à dire... Serdaigle! ». Serdaigle, Serdaigle...? Guetter la grande table dont les occupants se levaient et applaudissaient. Donc... c'était cette table là. On ôta le chapeau de sa tête, et, d'un pas sur, elle se dirigea vers la longue table aux couleurs bleu & argent. C'était donc... sa maison? C'était parti pour sept ans...

Dès la première année, Lylian se révéla être une excellente élève. A quelques exceptions près, elle avait toujours les meilleures notes. Elle n'avait que peu d'amies. Il y avait ses comparses de dortoir qu'elle appréciait énormément et qui l'aimaient aussi beaucoup. Elle était toujours solitaire, sèche voire glaciale avec des gens qui essyaient de l'approcher de trop près. A part ses amies de dortoir, elle était presque tout le temps seule. Elle avait des habitudes, des connaissances qu'elle s'était faite et qu'elle aimait croiser de temps en temps au détour d'un rayon de la bibliothèque. Des gens qu'elle aimait croiser le même jour, au même endroit, à la même heure. Ses premières années furent donc une découverte pour elle. Elle apprit également de plus en plus à faire confiance aux gens, même si encore aujourd'hui, obtenir sa confiance reste un exploit. Elle laissait plus facilement s'approcher. En quatrième année, elle a basculé dans l'excès. Elle avait toujours des résultats scolaires les meilleurs, mais elle était différente avec les gens qui l'entouraient. C'est cette année là qu'elle perdit sa virginité, au bal d'Halloween. Elle s'en souvient très bien. Toutes les autres filles ou presque étaient accompagnées. Elle y était allée avec une amie de dortoir qui était seule elle aussi. Elle était restées toutes les deux, jusqu'à ce qu'un jeune homme lui propose une danse. Elle avait acceptée devant l'insistance de son amie. Le garçon devait être en sixième année. Et ce soir là, elle s'était laissée faire. Ils avaient couché ensemble. C'est ainsi que celà commença. Pendant deux ans, elle coucha avec de nombreux garçons, pour la plupart plus agés qu'elle. Elle ne les revoyait quasiment plus après, et ce n'était d'ailleurs pas plus mal. Etait-ce ce qu'elle recherchait? A vrai dire, elle ne se posait pas la question. Ses amies lui disaient d'arrêter, qu'elle était très mal vue. Mais l'opinion des autres, à quoi sert-elle? Elle le découvrira quelques années plus tard...