Histoire:
La grande fortune amassée au fil des années depuis la chute du tsar Nicholas II en 1917 par la famille Aleksandrova lui a permit d’atteindre et de se maintenir à un niveau social des plus hauts. Si leur histoire est plus compliquée que d’autres, c’est qu’elle est ponctuée de coups d’éclats, de coups d’Etats, et de morts dans presque toutes les générations. Pour en connaître les enjeux de l’histoire de Ksénia et de la personnalité qui en est ressorti, il est nécessaire de remonter bien loin dans le temps…
La famille faisait partie depuis longtemps de la cours des tsars, et étaient aussi respectés que crains jusqu’au jour où par une odieuse démonstration en 1906, il fut prouvé au tsar qu’un de ses plus fidèles amis Aleskei Aleksandrova étaient un sorcier. Hélas, on ne se fait pas des ennemis sans conséquences, mais celles-ci n’étaient encore pas si graves. On bannit et exila simplement la famille entière qui partit s’installer à Londres ou elle commença directement à investir et à placer son argent. Si on avait perdu une place tant privilégiée, ce n’était pas pour perdre également de l’argent. Cela devait être bénéfique, et cela le fut.
En 1917, c’est de loin que les exilés assistèrent à la guerre contre l’Allemagne et l’empire Austro-hongrois, aux premiers mouvements sociaux, et finalement, à la chute du régime en place et à la révolution Russe.
Les Romanoff meurent, et les ancêtres de Ksénia décidèrent alors de revenir et de s’installer à Saint Pétersbourg alors la capitale du pays, dans un ancien château moldu qui devint ainsi la maison familiale, et qui l’est encore aujourd’hui.
Après plusieurs années de guerre civile en 1921, le pays exsangue et désorganisé ne pouvait que contribuer à faire grandir une fortune qui savait être entretenue.
Cependant, le retour d’une telle famille en Russie ne pouvait passer totalement inaperçu, et les dirigeants les plus hauts étaient au courant de son existence malgré des sortilèges placés sur la résidence principale. Pas de plans quinquennaux ou de stakhanovisme pour eux cependant, ils sont plus ou moins laissés de cotés par les techniques du socialisme, et surtout par leur condition de sorcier. Bien sur, on ne pouvait s’attendre à ce qu’ils soient totalement oubliés, et ils furent souvent mis à contribution dans des affaires qui n’étaient pas les leurs.
La seconde guerre mondiale faisait des ravages chez les moldus, mais aussi chez les sorciers mêlés contre leur volonté aux affaires nationales et internationales. Une bonne moitié de la famille disparaît avec l’arrivé des Allemands et sous les propres tirs des unionistes des républiques socialistes soviétiques. Le manque de considération pour la chair humaine est flagrant, et ce fut le début d’une seconde migration en Angleterre. Même si Londres n’était également pas sûr, quelques sortilèges anti-bombe faisaient l’affaire.
Ce n’étaient pas seulement les menaces moldues qui avaient provoqués cette migration, car c’était aussi la période où Gellert Grindelwald prenait le pouvoir. Un des grands père de Ksénia étant loin de partager ses idées, il valait mieux pour eux s’éloigner un peu. Il faut aussi signaler que sa défaite fut un soulagement.
C’est en 1990 que naît le père des demoiselles Aleksandrova. Comme les générations précédentes, il étudie à Durmstrang où il se découvre un ineffable attrait pour l’art des potions, ce qui le mènera à en produire et en vendre. Il pense qu’il n’est pas supérieur aux autres par sa fonction et par sa fortune, et défiera ses parents de nombreuses fois. Ainsi, il travaille comme n’importe quel sorcier mais à mi-temps pour s’organiser. Il rencontra Eleanor Winchester de la bourgeoisie sorcière anglaise pour qui il démontra une inclination qui se trouva mutuelle. Sans tarder, les préparatifs de mariage se firent, et on proclama bientôt un nouveau couple.
En fait, leur futur et le passé de Kucha démontra que deux jeunes gens n’étaient pas réellement assortis pour le mieux. Les premiers temps de leur mariage furent heureux à ne pas en douter, mais leurs caractères étaient trop différents pour qu’il y ait un amour durable. Ainsi, comme beaucoup de couples, ils finirent par vivre ensemble mais plus ou moins séparés. Chacun avait ses propres plaisirs, ses propres occupations sa petite vie de son coté. En public, ils étaient unis, ils étaient vrais. Bien sur, ils se retrouvaient souvent, que se soit pour leurs enfants ou pour diverses choses, mais ils trouvaient toujours à s’accorder.
Ksénia et Esfir étaient des enfants désirées, et elles n’étaient pas souvent laissées à leur gouvernante.
L’enfance de Ksénia est dans l’ensemble assez calme. Elle n’était pas une enfant turbulente, et ne cherchait pas à attirer l’attention. Elle avait des professeurs particuliers sur la demande de sa mère qui voulait une fille accomplie, digne de la succession des Aleksandrova. Avec cette seule éducation, on peut deviner quelle jeune fille insupportablement arrogante et orgueilleuse elle aurait pu devenir. La présence de son père qui lui accordait du temps dans son bureau la préserva d’une telle façon d’être, et même si elle resta toujours plus ou moins réservée, elle accorda plus d’attention à autrui.
Quand elle était petite, on lui donnait l’autorisation de se perdre dans les jardins du château. Elle jouait dans ses nombreuses chambres. Mais dans toutes ces occupations, elle était toujours seule. L’arrivée de sa sœur changea très peu de choses à cette vie, car elle était de constitution fragile et tombait souvent malade. Mais quand elles pouvaient, elles n’hésitaient pas.
Ksénia apprit aussi que la vie n’était pas toujours rose et belle, que son père était malade.
« Pourquoi Papa ? J’aimerais te soulager et prendre tout sur moi, tu crois que ce sera possible ? »
Son père était toujours là pour elle, pour répondre à ses interrogations de fillette. Avec lui, elle étudia la philosophie moldue. D’ailleurs, son père disait souvent que ces gens étaient aussi intelligents que les sorciers.
« Ce n’est pas vraiment ce que Maman pense… »
Sa mère avait beaucoup changé depuis les premiers temps de son mariage. Sa famille avait été pratiquement décimée prise entre deux partis dans la guerre contre Voldemort. Cette malheureuse histoire changea complètement son point de vue sur les moldus, sur la pureté du sang, mais aussi con caractère et sa façon d’être.
Les deux façons de voir lui menèrent la vie dur, mais cette situation fut au final gratifiante, lui ouvrant l’esprit. A onze ans, elle était une préadolescente que les relations avec différents adultes avaient mûrie. En effet, son père l’emmenait souvent, quand il allait voir ses amis écrivains.
« Mon papa, c’est mon meilleur ami ! » avait-elle l’habitude de clamer quand elle était sure que personne ne l’écoutait. Un adulte lui dirait à coup sur le contraire. D’ailleurs, sa maman lui disait aussi qu’il ne passait du temps avec elle que pour l’exhiber devant ses amis.
Sa relation avec sa sœur n’était pas moins riche, mais particulièrement calme. Elles ne se parlaient pas beaucoup, mais passaient du temps ensemble. Elles ne jouaient pas ensemble, car à dix onze ans, on avait déjà abandonné les poupées et autres distractions du même genre. Mentalement, elles étaient liées.
A onze ans, il fallut décider quelle école l’accueillerait. Ksénia était inscrite dans les deux depuis sa naissance comme tous ses ancêtres et ses prochains descendants. Son père pensait que Poudlard serait la plus riche en expérience, mais sa mère y étant allée, elle estimait que Durmstrang serait aussi une opportunité de se rapprocher de la société Russe. Ce fut finalement la jeune fille elle-même qui eut le grand choix et qui décida de son futur.
Ce fut Poudlard. Parce qu’il était temps de dire bonjour à la pluie, et d’abandonner la neige et le froid pour quelques temps. Parce que le ministère de la magie Anglais était réputé depuis la chute de Voldemort. Ce fut l’Angleterre parce que la Russie avait osé lui promettre ce qu’elle ne pouvait pas donner. Bien sur, Kucha avait un attachement particulier pour Saint Pétersbourg, son histoire, ses monuments, ses personnages, mais l’Ecosse apparaissait comme luxuriante, verte, amusante. Joie et bonne humeur, alors que sa maison à Londres étaient trop souvent morne, terne et pluvieuse.
La légèreté du principe de décision montre à quel point cette dernière était en fait réfléchie et difficile. Une nouvelle histoire, de nouveaux bâtiments, de nouvelles connaissances.
Pendant ses 6 années à Poudlard, Ksénia vit cependant sa famille assez souvent, elle rentrait toujours pendant les vacances. Elle avait déjà plus jeune l’habitude des voyages, ce n’était que quelques déplacements en plus. Et puis, c’était toujours un plaisir.
"Un jour tout sera bien, voilà notre espérance : Tout est bien aujourd'hui, voilà l'illusion."
Voltaire, Poème sur le désastre de Lisbonne.
Il y a deux ans, elle entra en 5ème année. Pendant l’année, le corps de son père abandonna la lutte contre sa maladie et fut retrouvé dénué de vie. Il était encore assis à son bureau lorsque le majordome venu lui apporter quelques nouvelles d’amis le trouva ainsi.
Et ce fut le temps des malheurs.
Sans plus d’espoir d’avoir de fils, on voyait ainsi confirmer ce qu’on avait toujours pensé, c’était à Ksénia de prendre sa place. À elle de recevoir les invités, de recevoir leurs vœux et leur désolation à la perte d’un tel homme, alors que son cœur aurait voulu crier de douleur. Impassable, elle remplit cependant toutes les exigences qui se trouvaient devant elle. La seule chose qu’on lui reprochât, bien que ce fût de rigueur pour son rang, c’était ce manque de compassion, d’ouverture, cette froideur qui la caractérisait tant. Considérant sa mère non fiable, Ksénia protégeait au mieux sa sœur de loin, et prenait toutes les responsabilités quand elle pouvait. Intérieurement, Ksénia était malheureuse. Elle avait perdu son père, son meilleur ami, le seul a qui il lui arrivait de confier ses pensées les plus secrètes, et il lui fallait encore parler à tous ces hypocrites qui ne venaient que parce qu’ils étaient riches et reconnus. De plus, elle était à Poudlard à ce moment là, elle ne l’avait même pas vu, elle l’avait abandonnée. Ce n’était que lorsqu’elle se mettait au piano pour jouer la mélodie préférée de son père, moldue là encore, que sa douleur s’atténuait.
A peu prés au même moment, on apprit qu’Esfir avait en fait la même maladie que son père.
Ce temps passa comme il put, Esfir et Ksénia finirent par retourner à Poudlard pour terminer leur année.
L’année suivante, Ksénia ne retourna pas chez elle pour les vacances. Poudlard était devenu de loin préférable à la masse de souvenirs affluant. Elle se forma pour essayer de devenir ce que ses parents avaient toujours voulus qu’elle soit depuis le début.
"Notre affaire, ce n’est pas la joie de vivre, ce n’est même pas l’amour, l’amour véritable, notre affaire c’est le devoir."
Théodor Fontane, Der Stechlin
Découverte de la Magie:
"En Russie, un homme de talent ne peut pas être irréprochable."
Anton Pavlovitch Tchekhov, L’oncle Vania.
On avait toujours eu de grands projets pour Ksénia Aleksandrova. Et même si elle ne s’en rendait pas compte, tout était réuni pour qu’elle devienne ce qu’on voulait qu’elle devienne. Elle était déterminée depuis le début. Son père avait en tête de la mettre au devant de la bonne société par sa culture, sa mère par ses manières. Elle était faite pour dominer les autres, et elle devait prouver qu’elle était à la hauteur, qu’elle ne les décevrait pas.
Avoir des pouvoirs magiques faisait partie de ses critères bien sur.
On décida donc de l’enfermer dans sa chambre jusqu’à ce qu’elle démontre ce qu’elle valait à ce sujet. Ksénia avait alors 7 ans, et ne comprenait pas. Qu’avait-elle fait de mal ?
Résignée, elle attendit une journée entière sans rien dire. Pendant la nuit, elle n’avait pas dormi. Elle ne comprenait toujours pas. C’était injuste. Et elle n’avait toujours pas mangé, ni bu. Elle ne méritait pas ça.
Le deuxième jour, mise en colère par cette injustice des plus grandes, elle fit sans s’en rendre compte exploser les fenêtres, la porte, et au passages quelques meubles du 18ème siècle.
Son père se fit facilement pardonner en la faisant rencontrer le fameurx théoricien célèbre pour son libre sur les propriétés de la corn de bicorne.