Le calme. Qu’est ce qu’on ne donnerait pas pour un peu de calme… L’esprit tranquille, un café dans la main, devant la bouille d’un petit garçon en train de rire. Calme, juste. Serein. Mais, les devoirs appelaient. Et plus que jamais on avait besoin d’honorer ses promesses et ses dus. Notamment pour l’un des deux ministres en fonction. S’occuper d’un des pires meurtriers depuis longtemps… Dans l’ombre. Sans faire de bruit. L’exécuter dès qu’il en aurait la possibilité. Après tout, l’homme que Roderick devait traquer avait tué de sang froid un autre homme à peine sorti de prison, sa complice avait liquidé un élève de Poudlard dans Poudlard, et les deux fous furieux avaient un loup-garou dans la manche à dégainer à n’importe quel moment. Jamais Roderick n’avait été plus tendu. Sur le front, ç’avait été différent. Il savait qu’il avait à faire avec des moldus, incapables de lutter contre ses pouvoirs magiques… Mais même face à ce fou furieux, ce psychopathe, Roderick avait une certaine appréhension. L’homme qu’il devait liquider était l’un des meilleurs diplômés de Poudlard depuis très longtemps, il était complètement déglingué et ne répondait plus à aucune autorité. Les hommes comme celui là, il fallait s’en débarrasser le plus vite possible, et Roderick comptait le faire. Mais, après plusieurs semaines de recherches, de tentatives, il s’était finalement rendu compte qu’il n’y parviendrait pas en étant seul. Certes, Sean lui avait fermement indiqué de travailler dans l’ombre et de n’impliquer personne d’autre. Mais seul face à trois sorciers, si jamais il leur tombait dessus, un psychopathe, une élève folle à lier et un loup-garou, il ne pourrait certainement pas s’en sortir. Echapper en vie aux baguettes des deux fous et ne pas se faire contaminer par le loup, c’était beaucoup de choses. Alors Roderick avait décidé de faire appel, sous la table, à un de ses amis très proches. Un des seuls à qui il avait parlé de sa vie privée, passée, et à qui il confierait sa vie sans remords. Et cet homme était venu tout droit de son pays natal, sans savoir à qui ou à quoi il aurait à faire. Rapidement briefé, l’autre homme, incapable de s’exprimer dans la langue anglaise, avait rejoint Roderick dans sa quête. Les autres aurors patrouillaient autour de Poudlard, se battaient entre eux à cause de ce grand mal qui frappait le monde entier depuis Février. Lui faisait route seul, à présent accompagné d’un camarade. Et il avait choisi précisément ce camarade pour ses qualités personnelles. Ne vous méprenez pas, Roderick avait fait un choix en le contactant, mais s’il pouvait prendre les deux sorciers hors-la-loi seul, il ne pouvait prendre le loup-garou de lui même. Ne pouvant s’imaginer souffrir d’un tel mal alors qu’il était père d’un gamin de six ans, il avait fait appel à cet homme là, cet homme de confiance. Et n’avait pas attendu la confirmation de Sean avant de le faire. De toute façon, à présent, il n’y avait plus de marche arrière possible.

Aller à Poudlard, pour comprendre les circonstances du drame qui s’y était produit. Sans attirer l’attention. Et apprendre des choses sur les personnes qu’il devait traquer. Certes, les dossiers des trois personnes étaient bien fournies en informations, Raven avait été diplômé avec des O partout, il était également Auror en voie de formation avant de sombrer dans la folie, vivant sous ses impulsions brutales. Ewing était une élève de Serpentard particulièrement attirée par les expériences en tous genres et avait été emmenée en Hôpital Psychiatrique à Ste Mangouste après avoir fait une expérience qui avait mal tournée. Puis elle avait été sortie par le premier des deux… Et le troisième, Jordan, un garçon de 19 ans, en Septième année à Serdaigle avant d’être enlevé, loup-garou depuis 4 ans, instable, sa famille n’avait plus donné d’attention à son égard dès l’irruption de la crise magique dans leurs vies. Un trio infernal, c’était le cas de le dire. Alors, aller à Poudlard pour en apprendre plus sur eux. Sur les deux jeunes, en particulier. Raven était hors de portée de réconciliation avec la raison, les deux jeunes, peut-être pas. Qui sait ce qu’il avait dû faire subir à ses deux petits acolytes… Le barbare.

Fatigués, les deux aurors, Roderick et Ragnar, avaient fait une halte aux Trois-Balais, sous prétexte de vouloir voir la Cabane Hurlante. En réalité, Roderick avait envoyé un hiboux à une élève, une de ses bonnes ‘amies’, une fillette qu’il aimait énormément et avec qui il entretenait une relation protectrice. Il ne l’avait vue depuis longtemps, et il allait devoir passer par elle pour obtenir des réponses à des questions qu’ils se posaient, lui et Ragnar. Assis dans un coin de la salle des Trois-Balais, Ragnar posté au bar gardant un œil sur l’entrée, alerte, Roderick attendit l’arrivée de la jeune élève. Les circonstances auraient pu être plus joyeuses. Les deux hommes étaient fatigués, pas vraiment propres mais pas sales non plus, comme s’ils avaient passé des semaines dures ces dernières temps. Relevant le visage à chaque fois que la petite cloche sonnait, Roderick attendait de voir le visage de la jeune fille à tout moment. Il allait certainement devoir la convaincre de lui répondre – après tout, elle devait avoir compris que quelque chose se tramait et être sur la défensive – pour la santé de tous. Ils ne s’étaient vus depuis longtemps, depuis l’interaction entre elle et son petit ami, sur le Chemin de Traverse, qui remontait déjà à bien longtemps… Une mission assignée, un ami en plus pour surveiller, des dangers de partout, c’était de mauvaises nouvelles qu’il allait devoir lui annoncer. Pas une conversation simple, comme le ‘comment vas-tu depuis le temps ?’ mais plus sérieux. Il la savait à Serdaigle, comme l’élève manquant et dont le ministère n’avait plus de traces depuis son enlèvement. Elle allait devoir l’aider, par n’importe quels moyens. Il le fallait absolument, si Roderick voulait avoir une chance de retrouver l’élève manquant, et ses deux geôliers. Lançant un regard à son ami qui restait bien cambré sur son tabouret, Roderick tourna le visage vers la porte lorsque la clochette sonna à nouveau. Il reconnut les traits de la jeune fille qu’il attendit et son visage s’illumina malgré l’air grave qu’il portait à présent tous les jours à n’importe quelle heure de la nuit ou du jour. En effet, traquer un meurtrier, toujours vérifier ses arrières, prendre les avants… C’était crevant. Un peu de récréation, même si ce n’en était pas vraiment, était toujours la bienvenue ! Il adressa un signe de main à Satyne avant de lui montrer la chaise à sa droite, et de lancer un œil à Ragnar qui s’était cambré mais détendu à nouveau. Lançant un regard circulaire à la pièce, Roderick restait alerte. Qui savait qui pouvait se cacher entre les visages des élèves qui étaient venus boire une Bieraubeurre ou parmi les autres adultes des lieux…