Rencontre?

Il n’était pas franchement aisé que de composer un poème à partir de rien : Neil en savait quelque chose! Depuis bientôt deux jours, il tentait vainement de coucher sur papier une suite de mots à vocation supposément artistique. Bien sur, optimiste et persévérant qu’il était, il n’avait toujours pas abandonné, même après avoir cumulé échec sur échec, l’inspiration ne venant tout simplement pas. Certes, le plus simple aurait été de composer un poème d’amour : de toutes les choses faciles à faire existant en ce monde, composer un poème sur ce sujet précis devait figurer bon premier sur la liste. Or, Neil n’avait curieusement pas envi de parler de ça. Curieusement? Non, pas tant que ça. Après tout, il n’était que très normal qu’une personne non-amoureuse n’aille pas une envie folle de décrire un sentiment qu’elle n’éprouvait pas ou qu’elle avait cessé d’éprouver depuis belle lurette. Neil poussa un soupir digne d’une piscine gonflable en train de se dégonfler alors qu’il portait à ses lèvres sa tasse de thé. Il ne fut qu’à moitié surpris de constater que le liquide était froid. Quoi de plus normal puisque cela faisait à peu près une heure que la tasse, soigneusement posée sur une sous-tasse, attendait qu’il daigne enfin prendre une gorgée de la boisson qu’elle contenait! Et par ailleurs, on ne pouvait guère dire mieux de la petite assiette de biscuit qui côtoyait la sous-tasse : le jeune professeur de Runes ancienne n’avait encore touché à rien… si ce n’était à sa plume et au parchemin qu’il avait déroulé devant lui.

La mia vita. C’était là les seuls mots qu’il était parvenu à écrire. Deux jours qu’il se creusait la cervelle pour trouver quelque chose à rajouter pour combler le vide flagrant que le parchemin offrait à ses yeux mais qu’il n’arrivait strictement à rien. C’était décourageant, il l’admettait mais pas suffisamment pour qu’il veuille renoncer. Par ailleurs, c’était un passe-temps comme les autres… À un détail près quand même : c’était sans nul doute un des passe-temps les moins épuisant et le plus relaxant qu’il aie jamais pu pratiquer. Ce n’était pas très fructifiant mais ça avait l’avantage de lui occuper l’esprit alors qu’il n’avait rien d’autre à faire qu’attendre. Attendre qui?… Neil s’apprêtait à se répondre mais commis un impair qui n’en était pas vraiment un : par il ne savait trop quelle bêtise, il venait de réussir l’exploit de se mordre la langue alors qu’il prenait innocemment une autre gorgée de thé. Comment diable était-il parvenu à faire ça? Mystère. Après tout, il était quand même un adulte supposément sensé savoir comment boire une tasse de thé sans se mordre pour autant. Supposément…

Vraiment, il n’était pas le standard du sorcier, ou même de l’humain, normal. Même pas capable de boire du thé comme du monde! Remarquez, il n’avait jamais beaucoup aimé le thé. Cela faisait trop British à son goût alors que lui, il était irlandais et italien et à la rigueur, scandinave. Et puis, d’autre part, ça ne faisait que baisser la tension artérielle lorsque prit sans sucre. Conclusion, c’était mauvais pour la santé car, vous l’aurez devinez, il n y avait aucun soluté dans le liquide que contenait la tasse du séduisant professeur de Runes qui, ne trouvant rien de mieux à faire, laissa ses pensées vagabonder sans but précis.

Ce que ça pouvait être étrange!

Poudlard était l’endroit où il aurait fait ses études si sa mère n’avait pas gagné la joute magique qui l’avait opposé à son mari. À cause ou bien encore grâce à elle, il avait fait son école dans une académie en Norvège et, ironie du sort, il se trouvait que c’était là le pays où les Runes avaient vu le jour. Et, ironie encore plus prononcée, c’était les Runes anciennes qu’il enseignait à Poudlard alors qu’il était en fait employé par le Ministère de la Magie. Un petit sourire sans arrière pensées fit son apparition sur ses lèvres tandis qu’il lissait bien inutilement un pan de sa robe noire de jais. Il jeta un coup d’œil qui se voulait désintéressé sur la montre qu’il portait au poignet avant de promener son regard sur ce qu’il y avait comme clients aux Trois-Balais. Ce faisant, il vit la porte de l’établissement s’ouvrir sur la personne qu’il attendait. Aussitôt, il sauta sur ses pieds en faisant signe à la jeune personne. Dès qu’elle l’eut rejoint, il hocha imperceptiblement la tête.

« Mademoiselle… » Fit-il poliment tout en ne pouvait dissimuler un regain de jovialité.

[Je sais, c'est nul comme intro mais j'espère ça te va, Heather <333]

Vêtue d’une cape de voyage à l’allure sombre, une jeune femme se promenait d’un pas lent dans les ruelles de Londres, non loin des installations du ministère de la magie. Toute de noir vêtu, capuchon recouvrant l’identité complète de cette personne qui marchait droit devant elle, l’air de savoir où elle s’en allait, cette dernière semblait savoir où elle s’en allait, même si il était rare qu’une personne même sensé ne se promène dans ses sombres quartiers de la ville anglaise. Soudainement, comme si elle aurait surprise quelque chose, elle s’arrêta, regardant à droite et à gauche, incertaine d’y trouver quelque chose. Puis, aussi surprenant qu’étonnant, l’étrangère se mit à tourner rapidement sur elle-même et, l’instant d’après, il ne restait plus aucune trace d’elle…

Loin de là, dans un petit village purement sorcier, Heather Johanson apparaissait. Oui, c’était bien elle, l’étrangère recouverte de noirceur. En fait, cette apparence n’avait qu’un seul but : l’anonymat. Effectivement, il aurait été quelque peu étrange de voir apparaître, sans raison apparente, la sous ministre de la magie en plein cœur du petit quartier de Pré-au-Lard, si près et pourtant si loin de Poudlard pour Heather, car, bien entendu, depuis que la détestable Maureen avait prit le contrôle de cet établissement, la sous-ministre évitait d’y mettre les pieds de peur que ne se déclarent la troisième guerre mondial… Il était évident que les deux femmes se détestaient, alors aussi bien éviter de se retrouver sur le territoire de l’une ou de l’autre sinon… gare à celui qui se trouvait au travers de leur chemin.

Reprenant sa marche lente, Mademoiselle Johanson se dirigea d’un pas assurée vers la taverne bien connue du coin, soit Les Trois Balais. Poussant la porte, il lui fallut un moment avant que ces yeux ne s’habituent à la noirceur de l’endroit. Finalement, au bout de quelques minutes, elle arriva enfin à distinguer ce qui l’importait, soit une silhouette tout à fait familière, celle pour qui elle s’était rendue en ces lieux. S’approchant de cette personne qui hocha la tête à sa vue, et qui la salua d’une politesse occasionnelle, Heather le salua à son tour, de cette voix morne et vaguement sans intérêt.

lui dit-elle simplement avant de lui faire signe de la suivre dans une salle privé, au fond de l’auberge. Saluant au passage la propriétaire des lieux, Miss de Burgh, Heather fit signe à son invité de passer devant elle, avant, d’enfin, refermer la porte sur eux.

Retirant sa cape de voyage de sur ses épaules, elle déposa le tout sur une chaise non loin de là. Heather Johanson était une très belle femme. Elle porta à cette instant même un tailleur (chemisier d’un bleu pâle et jupe trop échancrée noir) et une paire de talons hauts dernier cri, tout aussi noir que la cape qui accompagnait le tout.

lui demanda-t-elle, pressée d’en finir avec tout ceci.

Bon, il se trouvait que jusqu’à présent, il n’avait guère été inspiré dans l’écriture de ce qu’il voulait être un poème. Et il doutait d’avoir pu réussir quoique ce fut avant qu’il n’aperçoives le profil de la dame qu’il avait attendue –avait car elle était à présent arrivée–, d’ailleurs. En effet, que dire de sa vie si ce n’était qu’elle était un trois quart ratée? Bon, oui, c’était un peu exagéré que de dire cela, surtout si l’on prenait en compte qu’Alasdair Neil Perth était presqu’incapable de ne pas aimer quelque chose ou quelqu’un, si l’on exceptait certains crétins comme le directeur des Aurors par exemple, bien sur. Mais comme bien des gens, il se trouvait des choses qu’il désappréciait royalement et qu’il ne se serait pas fait prié pour changer s’il en avait eu l’occasion. Si ça équivalait au trois quart de sa vie? Ma foi, non, mais si l’on considérait qu’il aimait bien exagérer ses pensées lorsque celle-ci se trouvaient confinées dans les méandres de sa cervelle et qu’elles étaient loin de la quitter… Quoiqu’il en soit, à quoi aurait-il bien servi de continuer à déconner ainsi sur ce poème qu’il doutait d’un jour pouvoir terminer et d’autres sujets dits reliés mais qui ne l’étaient pas le moins du monde? Surtout qu’Heather Johanson, sa splendide patronne venait de lui adresser un bonjour, ou plutôt, un bonsoir… En fait, même pas mais en tout cas, vous voyez l’idée?

Bref, il mit de côté toute réflexion n’ayant pas directement lien avec son statut d’espion au service du Ministère et avisant le signe qu’Heather lui faisait –qu’il interpréta, non sans raison, comme étant une façon de lui dire de la suivre– il rangea son parchemin dans une poche dissimulée de la cape noire qu’il portait, posa quelques pièces de monnaie sur la table, se leva et suivit sa patronne vers ce qui semblait être un endroit plus à l’abris des oreilles indiscrètes qu’une simple place semblable à toutes les autres, quoiqu’il doutât que la salle privée vers laquelle Mlle Johanson et lui-même se dirigeait était différente de tout ce qu’il avait vu jusqu’à présent. Et force était d’admettre qu’il n’était pas dans l’erreur : lorsqu’il y entra, la pièce lui sembla des plus… normales? Rien de particulier, comme il s y était attendu. Après tout, il n’aurait tout de même pas pu espérer trouver là l’équipement qu’il aurait trouvé dans un stade olympique, voyons… Bref, c’était tout simplement une salle où parler sans crainte d’être écouté –quoique ceci ne voulait rien dire puisque, et il en savait un rayon sur le sujet, les murs avaient presque toujours des oreilles.

« Je n’aurais manqué ça pour rien au monde » Sourit-il à l’intention de la sous-ministre avec un clin d’œil amusé, lorsqu’elle eut repris la parole. Il l’observa avec attention, appréciant l’aura de beauté et d’intelligence qui se dégageait d’elle, avant de reprendre. « Rien que vous ne sachiez déjà : Poudlard promet de fournir quelques personnes très prometteuse sur le plan intellectuel dans un futur proche; certains professeurs entretiennent des relations assez étranges avec leurs élèves; et on compte un assassin dans les rangs des Serpents. La routine quoi! » Termina-t-il sur une note sarcastique. Il ignorait si la belle avait eu vent de ces informations et il n’était certes pas habituel qu’un Seprentard devienne assassin avant même d’avoir fini l’école mais en tant qu’espion et afin de répondre à la question qu’elle lui avait posée, Neil était tenu de préciser ces trois faits. « … comment se porte monsieur O’Connor? » Demanda-t-il sur un ton badin, histoire de meubler la conversation, ses grand yeux bleus scrutant le visage de la sous-ministre avec curiosité.