Buvons à notre santé, dévoilons des secrets | Prio Hope

Jody était la meilleure quand il s'agissait d'organiser des soirées clandestines parfaites dans les cachots de Poudlard. C'était même son lot quotidien. C'était elle qui donnait les invitations, qui s'occupait de faire entrer de l'alcool dans l'école. Pour la musique, Jody utilisait simplement sa baguette. Elle avait appris dans un livre - elle lisait rarement mais le titre de celui-ci l'avait attiré -, écrit par un ancien élève de Poudlard qui devait être un adepte des soirées, un sortilège pour balancer de la bonne musique.

On était samedi soir. Le jour officiel de la fête pour Jody. Il devait être minuit passé, et Jody n'était plus très nette. Elle avait du boire une vingtaine de verre de whisky pur feu, et embrassait au moins cinq garçons dont elle ne se rappelait plus l'identité. e samedi était un jour de débauche pour Jody, tout le monde avait l'habitude maintenant. On ne s'étonnait plus de la voir disparaitre vers une heure du matin, quand elle rejoignait son " amant ". En général, Ryan venait la chercher, car elle n'était pas vraiment en état de le retrouver par elle-même. Mais ce soir là, elle avait quitté la soirée une heure avant. Jody ne marchait plus tout à fait droit, et elle avait une bouteille de whisky à la main. Jody avait une assez bonne résistance à l'alcool, elle avait encore à peu près les idées claires. Juste assez au moins pour entendre un bruit étrange et inhabituel derrière la porte d'un vieux placard qui était censé être abandonné. Bien sur, ça aurait pu être deux élèves en train de s'envoyer en l'air, mais le bruit ne ressemblait pas à ce genre d'occupation.

Jody était une comère née. Elle avait toujours ressenti le besoin de savoir tout sur tout, et de balancer ensuite en public des choses que certaines personnes auraient préférés faire taire. Le genre de secret que les concernés essayent par tout les moyens de cacher. A Poudlard, c'était un peu devenu son passe-temps préféré. Elle était une sorte de Gossip Girl des temps modernes, qui était au courant de tout. Sauf qu'on savait tous que c'était Jody Idylle Warren qui mettait tout le monde au courant. Jamais personne n'avait réussit à trouver quelque chose, une info croustillante qui aurait pu nuire à Jody, et qui l'aurait dérangé. On avait bien essayé de révéler au grand jour dans le lit de qui elle avait finit, mais Jody assumait totalement ses ébats. Elle était intouchable, et elle avait le chic pour être là toujours au bon moment, quand il se passe quelque chose d'intéressant.

Elle en aurait presque oublié le petit bruit. Elle but une gorgée de sa bouteille directement au goulot et resta plantée là, devant la porte du cachot abandonné qui ne l'était plus. Elle avait hâte de savoir ce qui se passait là-dedans, pour tout balancer le lendemain.

Hope n’était pas le genre de filles à donner des fêtes à tout va. De la même manière, elle n’y apparaissait pas souvent ; perte de temps incroyable. Elle n’en avait rien à foutre de ces prétendus rassemblements où l’on préfère se détendre à coup de boissons. De drogues parfois. Ou encore de sexe. Si les élèves préféraient trouver les joies de l’adultat bien avant l’âge et se pourrir la santé, c’était leur problème. Bien entendu, elle n’irait pas leur faire la morale. Cela ne servirait à rien. L’avait-elle déjà fait ? Non, c’était perdu d’avance. Alors, quand elle décidait de sévir, ça tombait toujours comme cela. Sans que l’on puisse s’y attendre ; il y a des choses qui ne se préviennent pas. En auquel cas, on perd l’effet de surprise. Et à la place de découvrir des visages enragés parce que l’on n’a pas prévenu, on trouve également des visages enragés. Mais la raison est différente. C’est qu’ils se sentent encore plus coupable. Pris dans le feu de l’action. La main dans le sac. Aucun retour en arrière, le flagrant délit vous encercle. Pauvre d’eux.

C’était donc par un samedi soir que la Serdaigle avait fait une filature dans le château. Comme ça. Pour se distraire. Mais d’un côté, la disparition du quart de la salle commune des Serdaigles… ça pose des questions. Car en plus de se ruiner la santé, les fêtards étaient cons. Douce mélodie. Et pire que cela, ils n’étaient pas franchement discrets. Dans le genre je papote et je jacasse dans les couloirs, ils pouvaient presque battre des records. Limite s’ils ne les battaient pas, même. C’était donc au bruit que la Bronze & Azur avait entamé sa filature. Et elle avait descendu des marches, encore des marches. Toujours des marches. Les donjons ne sont pas vraiment proches de la tour des Serdaigles, si vous voyez un peu l’histoire. D’une manière globale, ça fait à peu près cinq minutes de parcours. Hope aurait pu mettre largement moins de temps pour y être mais, apparemment, les individus ne connaissaient pas les passages secrets. Tant mieux dans un sens, elle n’aurait pas à chercher une aiguille dans une botte de foin… ou plutôt un rat dans un métro. Enfin, d’après ce qu’elle avait compris de la description du métro qu’on lui avait donné en cours ; « Lieu où s’entasse pleins de touristes pour se rendre d’un endroit à un autre à l’aide d’un train ressemblant au Poudlard Express. Lieu ressemblant plus à du gruyère qu’à autre chose » . Bon, c’était vrai que la comparaison du prof était bizarre… mais pas tout autant que lui.

Amplification des bruits. Douce cohue de plus en plus perceptible. Musique d’ambiance trahissant le mauvais goût et l’envie de s’éclater sur des rythmes effrénés, entraînants, navrants. Navrants d’un rythme trop identique. Peut être pathétique dans ce cas, la différence ne doit pas être si grande. Hope se stoppa alors net. Que devait-elle faire ? Entrer, demander de tout arrêter. Retour au berceau et heures de colles ? Non, il fallait faire plus gros, histoire que leurs conneries ne deviennent pas trop des habitudes. Il fallait attendre. Que tout le monde partent. Et choper l’organisateur. En général, c’était toujours un mec qui faisait ça. Dans quel but ? La demoiselle ne l’avait pas encore deviné bien que l’idée se dessinait souvent dans son esprit. Car on dit souvent que les hommes ont le désir facile. Et qu’ils tiennent mieux l’alcool que les femmes. Eurk. A cette idée, la Serdaigle ne put réprimer une grimace. C’était dégoûtant. Abjecte. Attendre ainsi l’organisateur ou l’organisatrice était la meilleure option.

A quelques pas de là, Hope découvrit une armoire vide. Enfin, ce n’était pas comme si elle ne la connaissait pas ; elle passait souvent devant sans s’y attarder. Mais pour l’heure, ça pouvait être une bonne planque. A côté, dans le seul couloir où pouvaient passer les élèves. Le pied. Elle l’ouvrit doucement et rentra dedans. Elle cogna ses pieds contre des objets qui firent des bruits de verre, clinquant. Elle sortit sa baguette de sa poche et regarda ce que c’était. Des bouteilles. Le gros-lot. Elle avait trouvé la réserve de la fête. Il lui suffisait d’attendre que le premier con vienne pour en prendre une pour qu’elle le prenne lui de champs. Tentant. Et terriblement excitant. L’excitation de l’attente. Du fait qu’on va avoir une grosse prise et bien fait pour leur gueule. Ils n’avaient qu’à respecter les règlements, grand bien leur fasse pour une fois.

Mais la chose à laquelle Hope ne s’attendait pas, c’était l’attrait des bouteilles. Elle prenait par-ci, par-là des verres. Pour oublier, soulager un peu son esprit de tous les problèmes qui s’y accumulait. A cause de Lui, de Lui. De Elle aussi. De Sa Famille en somme. Famille de merde, si on peut être poli. Tous à se détruire les uns les autres ; c’est tellement amusant. Et quand les liens seront tout à fait rompus, on pourra peut être s’égorger. Ouais. Ironie bien sûr. Macabre peut être. Mais si on voyait la famille de la Serdaigle, on comprendrait. Etre la seule Serdaigle dans un monde de Serpent, ça passe mal. Surtout lorsque juste avant ce moment-là, vous étiez à la vue de tous « la favorite ». Bien fait de mettre tous vos espoirs dans Hope, elle n’était pas là pour satisfaire tout vos désirs. Loin de là. Machinalement, la main de la Bronze & Azur attrapa une bouteille. Une disparition ne se verrait pas. Mais bientôt, un bruit se fit entendre de l’autre côté de la porte. Bouteille à la main, Hope sortit de sa cachette. Le con. Rectifions. La conne venait de se présenter. Comme c’était amusant. Et l’autre ne pouvait pas nier qu’elle n’était pas à la fête … que faisait-elle une bouteille à la main. Victoire ! Hope s’avança alors vers elle, profitant pour la toiser du regard. « Warren ! C’est un plaisir de te voir là et de te choper enfin en flagrant délit. Tu sais que cette excursion peut t’offrir des retenues. Tu verras, c’est amusant.

La soirée aurait pu être meilleure, il fallait bien se l'avouer. Jody avait connu mieux, comme elle avait connu pire. Le pire pour elle, c'était de se faire attraper. Ca lui était arrivée une fois en tout. Trois mois de retenue et cent points en moins pour sa maison. C'est sur, les Serdaigle lui en ont voulu, pour ce coup là. Jody avait, pendant un moment, arrêté les fêtes. Mais chassez le naturel, il revient au galop. Jody était une fêtarde, c'était comme une seconde nature pour elle. Ce qui ne l'empêchait pas, à côté, d'être digne de sa maison. Jody était intelligente. Ce trait de caractère en étonnait plus d'un. C'était compréhensible, si on se fie aux apparences. Jody montre plus son côté festif que son côté studieux et sérieux.

La bouteille à la main, Jody loucha sur la porte du placard. Il s'ouvrit. Hope McGwen, préfète des Serdaigle, sortit du placard. Jody remarqua tout de suite la bouteille, ouverte, dans la main de la préfète. Jody remarqua alors que le placard avait été utilisé comme réserve à alcool pour la fête. Ses sens étaient légèrement affaiblis par l'alcool, mais elle prenait conscience qu'on entendait les braillements des fêtards jusqu'ici, et certainement plus loin. Voilà ce qui avait du attirer Hope, à moins qu'elle ne soit venue ici afin de s'envoyer quelques bouteilles en cachette. Excellent. Si c'était le cas, Jody venait de tomber sur le scoop du siècle, qu'elle s'empresserait certainement de révéler très bientôt. Jody sentait qu'Hope la toisait du regard. Elle en fit de même.

HOPE

- « « Warren ! C’est un plaisir de te voir là et de te choper enfin en flagrant délit. Tu sais que cette excursion peut t’offrir des retenues. Tu verras, c’est amusant. »

JODY - « On peut très bien s'arranger ... Par exemple, tu devrais commencer par m'expliquer ce que tu trafiquais dans la réserve à alcool. Tu as une bouteille à la main, ça peut me faire penser à certaines choses ... tu comprends ? »

Jody sourit, leva sa bouteille comme pour trinquer et avala une nouvelle gorgée. Le whisky pur feu lui brûla la gorge. C'était une étrange et agréable sensation pour la jeune femme. Elle avait pris l'habitude de boire de l'alcool souvent, au moins trois fois par semaine. Son organisme aussi commençait à s'y habituer. Tellement pratique. Elle se considérait elle même comme la reine incontestée de la fête à Poudlard. Elle avait déjà assisté à plusieurs fêtes, organisés par d'autres personnes. Personne n'arrivait à l'égaler, elle en était sure. Les VIP de ses fêtes à elle ne cessaient de lui rappeler : elle était la meilleure en ce qui concernait les fêtes clandestines. Jody arrivait toujours, en général, à éviter les ennuis tout en s'amusant comme une folle, sans privations. La plupart du temps, elle s'arrangeait pour faire la fête dans la salle sur demande. Cette salle était drôlement pratique, c'était la préférée de Jody dans tout le château, avec le passage secret qui menait à Pré-au-Lard.

Jody passa la bouteille d'alcool dans son autre main, les yeux toujours rivés sur Hope. En général, les préfets et Jody ne s'appréciaient pas tant que ça. Et puis, Hope devait faie parti du groupe minoritaire des Serdaigles qui n'avaient pas été invités à la fete spéciale bleu & bronze. C'était tout à fait volontaire de la part de Jody. Hope était une préfète très dure à corrompre. Elle n'était pas le genre à passer outre ses obligations pour s'éclater. Disons simplement que ça ne devait pas être sa tasse de thé. Enfin, c'était ce que pensait Jody avant de voir la préfète avec une bouteille à la main.

JODY

Quand même, il faut avoir du culot pour venir m'accuser de boire, alors que toi même, tu te promènes une bouteille à la main. C'est pas très joli de se cacher dans la réserve à alcool de ma fête, pour boire en cachette.

Car si ce n'était pas le cas, ça en avait tout l'air. Les apparences sont parfois trompeuses, mais là, Jody était sure de son coup. Elle affichait le même sourire jouissif qu'elle arborait quand elle se savait sur un gros coup. Comère un jour, comère toujours. Que voulez vous ? Miss Warren était ainsi, et on ne se refait pas ! Elle avait hâte d'être au lendemain, pour faire parcourir la rumeur dans tout Poudlard. Demain soir au plus tard, tout le monde serait au courant. McGwen risquait gros sur ce coup là. C'était exactement le genre de ragot dont se nourrissait Jody. Elle n'avait pas particulièrement d'intentions méchantes, mais elle avait un petit côté sadique qui adorait voir les gens dans des situations embarassantes. Au moins, Jody se contentait de répandre des rumeurs vraies, dont elle avait toujours des sources sures. C'est à dire elle même. A part dans quelques cas rares, où elle détestait particulièrement la cible de ses faux ragots. Mais tout cela restait très rare.