« Nightmare or dream, before Christmas »

Premier post réservé à Angela S. Lovelock.

« Je savais que c’était elle que je devais attendre,
c’était à elle que j’étais attaché en cette période de fêtes. »

Une tradition persistait dans le château de Poudlard alors que Noël approchait : chacune personne se voyait désigné à un Lutin qui choisirait de lui mener la vie dure ou au contraire de la lui améliorer avec des cadeaux et des attentions particulières. Le sort avait fait que j’étais le Lutin d’une certaine Angela Lovelock, dont je ne connaissais ni le caractère, ni l’apparence. Descendant de la tour d’astronomie où je dispensais mes cours habituels, je me dirigeais vers le hall d’entrée et rencontra une personne, sans doute le concierge de l’école ou du moins l’équivalent, qui m’indiqua qui était cette jeune femme. On me la décrit comme une charmante élève aux cheveux blonds et au visage délicat, âgée de dix-sept ans et en septième année dans la maison des Serdaigles. Maintenant qu’on m’avait fait visualiser à quoi ressemblait ma « victime », il ne me restait plus qu’à la trouver et jouer le jeu. Je trouvais cela amusant de s’attitrer une personne à qui on pourrait faire ce que l’on veut, et j’étais bien curieux de savoir laquelle de toutes les personnes vivant dans l’enceinte du château magique pouvait bien être mon lutin - ou ma lutine.

Après quelques minutes de vagabondage dans le hall, je pris les escaliers et entamais une montée, espérant croiser ma petite victime. Premier étage, aucun signe de la présence de cette dernière. Il en fut de même pour le niveau suivant. Ce n’est qu’une fois dans l’escalier menant du niveau trois au niveau quatre que je fus en mesure de repérer et de prendre en chasse la jolie Angela. Celle-ci se dirigeait visiblement dans la bibliothèque, ne se doutant sûrement pas de ma présence à ses talons tant le monde était entassé dans ces escaliers qui n’en faisaient qu’à leur tête. Nous arrivâmes dans la bibliothèque, moi toujours à ses talons, et j’attendis quelques secondes sur le pas de la porte tandis qu’elle s’engouffrait à l’intérieur. Entrant à mon tour, je parcourus les rayons avant de la retrouver logée près des bouquins antiques, sûrement un devoir de classe. Assise à une table, celle-ci était déjà plongée dans sa lecture, et sans gêne aucune, j’allais m’asseoir en face d’elle. Je savais qu’il était interdit de parler à voix haute dans la bibliothèque, c’est pourquoi je dis d’une voix des plus basses.

« Mademoiselle, je m’appelle Lucan Savage.. Généralement on me connaît comme étant le professeur d’astronomie, mais pour toi je serai simplement un lutin de Noël. »

Jouant le jeu, je décidais de ne pas être pénible aujourd’hui et de me comporter comme un gentil lutin. Cette petite tradition m’amusait, disons que c’était une distraction plutôt agréable quand nous passions nos journées à faire et assister aux cours dispensés dans l’enceinte du château. Disons que cela égayait les longues heures et mettait un peu de piment. Je laissais « magiquement » échapper une rose de ma manche et la tendais à Angela, la jeune Serdaigle qui allait devoir supporter ma présence avant les fêtes de Noël.

[Mille excuses pour le délai, j'étais pas là de toute la journée. =(]

L'esprit des fêtes s'était emparé des corridors de Poudlard, avec guirlandes et gui et cantiques, ce qui était des plus distrayant pour ceux qui, comme des Serdaigles acharnés ou des Gryffondors procrastinateurs, n'avaient pas encore terminé leurs travaux à remettre avant les vacances. Dans le cas d'une certaine Serdaigle un peu moins académiquement inclinée mais pourtant normalement très sérieuse, c'était surtout une excellente excuse pour ne pas travailler sur sa dernière dissertation de Métamorphose; discuter de dialectique dans les éléments moléculaires transformés n'était pas son champ d'intérêt particulier -- sauf si elle pouvait mettre en avant ses connaissances acquises en... pratique. Très peu vraisemblable. Mais même détestant la théorie inutile, Angela Lovelock n'était pas du genre à délaisser ses cours.
Du moins pas à la dernière minute.
Voilà qui explique la traversée de Poudlard qu'effectua la petite blonde pour atteindre le soit-disant lieu du savoir et généralement le lieu de prédilection de ses semblables, la bibliothèque. Dans sa hâte, elle passa bon nombre d'étudiants qui paraissaient aussi affolés le 13 décembre qu'ils ne l'aurait été le 24, pour un peu qu'il y ait eu des cadeaux. Mais pour Angela, qui avait décidé de ne pas de se préoccuper du phénomène des « lutins », ou de son état frénétique un peu inexplicable, avant d'avoir terminé ses devoirs, c'était d'autant plus intrigant. Malheureusement, pas le temps de s'y attarder. La curiosité est un défaut qui peut causer de graves conséquences. Miss Lovelock l'avait appris à ses dépends de plus en plus souvent durant la dernière année.

La jeune scientifique poussa finalement la porte battante de la bibliothèque, dernier obstacle -- sinon peut-être sa propre détermination vascillante -- la séparant de la fin de son travail et de son retour à ses projets habituels. Le bruit courait qu'un augurey nocturne s'était relocalisé dans la forêt à cause des moldus et de leurs constructions inconsidérées, et elle comptait capturer le rapace pour l'étudier durant les vacances. Elle avait toujours révé de mettre la main sur un tel spécimen... Peut-être le domestiquerait-elle ensuite; ils avaient la réputation d'être aussi bons facteurs que les hiboux avant d'être menacés d'extinction.
Peut-être devrait-elle feuilleter un livre sur le sujet... Hmm.
Non! Bon sang, plus tard si c'était vraiment nécessaire!
Métamorphose. Métamorphose. Anciens maîtres de l'antiquité en métamorphose. Et pourquoi pas l'effet métamorphique vu par les Moldus de l'époque, pour comparer? Thalès avait une intéressante théorie sur le sujet qu'il serait amusant de démolir d'un point de vue logique plutôt que seulement dérisoire -- « Oh le petit Moldu d'une autre époque, comme il est mignon d'essayer d'expliquer des choses magiques hors de sa portée! » -- pour une fois. Et où étaient ces livres-là, déjà? Dans les tômes anciens, déjà, ça aurait un certain sens.
Mais rien ne faisait jamais de sens en ces lieux. Cette folie de Noël en était bien la preuve; qui fêtait encore autrement que pour se prétendre généreux et se valoriser soi-même? Ou alors pour ne pas se sentir à part? Oh, la gaieté était contagieuse, et même Angela se laissait aller à sourire plus et mentir moins, et peut-être à sortir du laboratoire qu'elle était en train de construire dans sa malle, mais elle n'en considérait pas moins que c'était d'un ridicule.

Après quelques minutes, elle finit par trouver les ressources qui lui semblaient nécessaires. Quatre énormes bouquins dans les bras et son sac ayant glissé de son épaule à un équilibre précaire sur son poignet, elle chassa trois premières années de sa maison de la table la plus proche avec un seul regard scrutateur, les mains pleines de biscuits au gingembre plutôt que de livres.
Heh, le système social humain est plus utile que ce qu'on croirait, nota-t-elle avec un sourire automatique en les regardant se faufiler entre les rayons comme des rats fuyant un chat de gouttière affamé.
Le nom de Lovelock, chez les Aigles, était devenu plus proche d'un synonyme de Frankenstein -- pour ceux qui connaissaient la littérature moldue -- que de l'identité d'une camarade. Et cette référence s'était étendue durant la sixième et septième année, avec les rumeurs de dissection et l'épisode du loup-garou. Angela ne voyait là rien de déplaisant. Ça rendait sa tâche plus facile, et elle n'avait besoin de prétendre à la normalité qu'en présence des autres maisons.
Les Serdaigles passaient tous pour des fous, chacun à sa manière.
En réalité, tout Poudlard l'était un peu. Chacun à sa manière. Surtout actuellement.
Pour une fois, Lovelock était exactement comme les autres.

Angela laissa tomber ses livres sur la table dans un fracas de cuir sur bois et de pages froissées, s'attirant le regard furieux d'étudiants et bibliothécaire tous confondus sans en être affectée, puis s'installa, posant son sac sur la chaise à sa droite. Le livre sur les grands sages de l'Antiquité grecque était terriblement incomplet, mais la théorie de Thalès y était, formules et explications en noir sur... beige vieilli. Parchemin de notes sur ses genoux et stylo à encre violette en main, la jeune femme se plongea dans le vieux livre, malgré l'envie d'éternuer que lui causait la poussière des lieux.
Et elle y serait restée, si ce n'avait été du bruit de grincement d'une chaise qu'on tire pour s'y asseoir, juste un peu trop proche. Relevant la tête, Lovelock croisa le regard sombre d'un homme qui lui semblait plus ou moins familier; quelqu'un qu'elle avait déjà entrevu à quelques reprises, sans jamais lui porter attention.
Un prof. Qui enseignait une quelconque matière qu'elle n'avait pas jugée d'importance à ses projets de sciences appliquées. Histoire, peut-être? Astronomie?
Clignant des yeux dans un simple soupçon de surprise, la jeune femme se colla un sourire au visage une seconde trop tard pour qu'il ait l'air réel, trop occupée à passer en revue les différentes raisons pour lesquelles il aurait pu se trouver là. Il répondit à sa question silencieuse avant qu'elle n'ait eu le temps de formuler une conclusion plausible.

« Mademoiselle, je m’appelle Lucan Savage.. Généralement on me connaît comme étant le professeur d’astronomie, mais pour toi je serai simplement un lutin de Noël. »

Ah, astronomie, donc.
Et encore cette histoire de Noël. Même les profs la prenaient au sérieux? Quoique pour un enseignant, il ne paraissait pas tellement sérieux lui-même. Trop jeune, trop élégant, trop attirant. Trop d'image pour avoir une quelconque substance. Trop de mystère, possiblement cultivé volontairement pour attirer l'attention. Angela aurait bien répondu, elle avait la parfaite réplique apathique sur le bout de la langue. Mais pour une quelconque raison, les secondes entre l'introduction et le moment où Savage sortit une rose de sa manche semblaient avoir été raccourcies, laissant l'apathique, antisociale Angela Lovelock sans réplique, pour le moins interloquée.
La curiosité restait toujours un défaut aux conséquences redoutables.
Et Lovelock avait une faiblesse pour les fleurs en général; si simples et si complexes, de véritables paradoxes. Son sourire se fit plus véritable lorsqu'elle tendit la main qui tenait toujours son stylo pour accepter la rose, son expression contredisant le ton sans émotion que prit sa réponse, également à voix basse:

« Je me doute que vous vous amusez, professeur Savage, mais vos étudiants, ainsi que ceux qui ne le sont pas, ont autre chose à penser que des idées ridicules de lutins et de roses. Je vous remercie, puisque c'est ce que la décence recommande, mais revenez me voir quand j'aurai terminé, à moins que vous n'ayez une opinion à partager sur la pertinence des théories de Thalès dans la vision dialectique des molécules métamorphiques. »

Glissant quand même la rose avec précaution dans une poche sur le côté de son sac qui faisait actuellement face au plafond, elle retourna son attention sur son livre et son stylo sur ses genoux, un discret soupir d'exaspération lui échappant. Étudier la théorie d'un cours était une chose, mais pourquoi les travaux de recherche écrits étaient-ils si courants lorsqu'il serait d'autant plus simple pour tout le monde de juste coller un examen à la dernière journée possible pour déterminer si l'on en savait assez?
C'était d'un ridicule tragique.
Elle avait un laboratoire à terminer! Un augurey à capturer avant que l'école ne se l'approprie! Noël à fêter!

« Tout ce que je sais, c’est que Thalès aurait du s’amuser un peu à faire le Lutin de Noël au lieu de passer autant de temps sur des théories et autres démesures intellectuelles qui causent le désarroi de milliers d’élèves qui essayent de disserter à ce sujet, toi y compris. »

[ Désolée, c'est nul. Manque d'inspiration et Angela voulait pas agir comme... well, comme Angela. oO ]

Comme bien des gens aux capacités sociales limitées, Angela Lovelock pouvait être parfois très naïve. Spécifiquement, dans ce cas-ci, elle s'était abaissée à croire que Savage la laisserait travailler en paix. Pour sa défense, ça aurait normalement dû être le cas, si le professeur d'Astronomie avait été moindrement comme ses collègues. Malheureusement pour Angela, le jeune homme -- trop jeune pour être pris au sérieux, nota-t-elle encore en levant les yeux de son travail juste un instant pour l’observer -- semblait avoir d’autres plans. Qui ne s’alliaient pas du tout avec ses propres intentions, si elle devait en juger par l'expression moqueuse qu'il affichait.
Si elle n’avait pas été certaine qu’il trouverait un moyen de l’interpréter à son désavantage, la Serdaigle aurait feint un soupir d’exaspération. Ça semblait être un moment très approprié.
Plutôt que d'attirer l'attention, entre autres sur le fait qu'elle l'observait d'un oeil critique depuis presque cinq minutes alors qu'elle était supposée travailler, toutefois, elle retourna son parchemin, l'installant cette fois sur la table à côté de ses livres plutôt que sur ses genoux pour écrire plus lisiblement.
Avec le prof juste devant elle? Pas de chance.

« Tout ce que je sais, c’est que Thalès aurait du s’amuser un peu à faire le Lutin de Noël au lieu de passer autant de temps sur des théories et autres démesures intellectuelles qui causent le désarroi de milliers d’élèves qui essayent de disserter à ce sujet, toi y compris. »

Lovelock sursauta, le coeur battant de choc et son stylo lui glissant des mains pour rouler jusqu'au bord de la table du côté du professeur, puis disparaissant sans doute pour lui tomber dessus. Pour quelqu'un qui n'était pas facilement surprise, elle avait trop vite relégué son Lutin de Noël à la trivialité, s'exposant de sa propre faute au choc provoqué par une voix trop proche pour son confort. (Sans compter le second choc de se retrouver à quelques centimètres de l'origine de la voix en relevant la tête, qui passerait sous silence pour l'instant. Même si elle n'aurait pas été contre l'idée d'un jour récupérer ces yeux troublants si un jour leur propriétaire mourait. Trop charmants pour aller à la perte quand ils pouvaient servir à la science.)
C'était pathétique, autant l'admettre. En temps normal elle aurait été préparée à tout, n'aurait pas réagi du tout. Ou alors elle aurait prétendu la surprise pour voir ce qu'il en comprenait, se serait amusée sur les signaux. Et une autre réplique apathique aurait suivi.
L'esprit des fêtes la rendait anxieuse. Et le fait qu'elle n'était pas plus intéressée à disserter de Thalès que Savage ne l'était la distrayait encore plus.
Non qu'elle allait abandonner pour autant, tout de même. Même si c'était tendant d'avoir tort, pour une fois.

« Qu'est-ce qui vous fait croire que ça me cause quelque désarroi que ce soit? Actuellement, j'irais jusqu'à dire que vous me troublez plus que Thalès, commença-t-elle du même ton sans émotions, fronçant les sourcils au double-sens de ses paroles aussitôt sa phrase terminée. Évidemment, vous trouverez probablement de quoi tourner cette affirmation à votre avantage, comme n'importe quel Narcisse qui se croit Soleil. N'allez pas croire que parce que c'est bientôt Noël, tout peut être mis de côté pour vous. »

Se penchant une fois de plus sur ses notes avec une expression résolue complètement fabriquée quand en fait elle les regardait plutôt sans vraiment les voir, Angela allait recommencer à écrire lorsqu'elle réalisa l'absence de son stylo. Ramassant le capuchon de l'objet, elle regarda autour d'elle d'un air absent, sans succès. Tout pour ne pas regarder droit devant et être de nouveau confrontée à la présence de quelqu'un qui n'avait aucune idée des limites de l'espace personnel. Ou alors qui n'avait aucune notion de décence.
(Non que miss Lovelock fut tellement plus décente par moments. Mais en général, ses expérimentations n'étaient pas faites sur les humains, et n'avaient rien à voir avec les jeux psychologiques manipulateurs.)

Si ce n'était d'une certaine fierté, son manque d'intérêt l'aurait poussée à considérer la disparition d'un crayon comme une raison suffisante pour cesser de travailler. Elle aurait tout laissé là, aurait pris son sac et serait sortie. Possiblement, vu l'heure, pour partir à la chasse à l'augurey.
En attendant, c'était... Thalès, des livres, et un prof qu'elle était de plus en plus tentée d'ajouter à sa liste de personnes à disséquer pour le bien de la science.

{ HJ : Détrompe-toi, tes écrits sont très bien. Pardonne mon léger retard de réponse.

« Narcisse n’était ni plus ni moins qu’un être nombriliste et amoureux de sa personne, ce qu’indéniablement je ne suis pas, mademoiselle. Je n’ai jamais prétendu que tout pouvait être mis de côté pour moi, Noël n’est pas un prétexte valable pour affirmer de telles paroles, loin de là. Maintenant, vous êtes libre de faire ce que bon vous semble, mais n’affirmez pas que faire des dissertations sur Thalès anime plus votre être adolescent, quoique visiblement presque adulte, que la simple idée d’une bonne fête ou que n’importe quel instant de détente passé aux côtés de quelqu’un qui puisse vous être intéressant. »